Issa Hayatou, fin de règne pour « l’empereur » du football africain ?

Auteur 18 juin 2015 0
Issa Hayatou, fin de règne pour « l’empereur » du football africain ?

Le nom de l’ancien sportif a resurgi dans la presse suite au récent scandale de corruption de la FIFA. Quelle est l’implication d’Issa Hayatou, grand proche du président de la FIFA Joseph Blatter, dans l’affaire qui a mené à la démission de ce dernier quelques jours seulement après sa réélection ? Quelle influence sur sa fonction et son avenir ? Portrait et réaction d’un président controversé.

Issa Hayatou, « éternel » président de la Confédération africaine de football, serait en piste pour un nouveau mandat, lui qui clamait pourtant jusqu’à encore récemment son retrait. Apparemment poussé par ses proches ainsi que par le rêve de vivre une CAN chez lui, au Cameroun, en tant que président, le natif de Garoua souhaiterait finir en apothéose.

Une ascension fulgurante et une influence grandissante

Joseph BlatterIssa Hayatou, 68 ans, est depuis 1988 le président de la Confédération africaine de football (CAF), ainsi que membre du comité exécutif de la FIFA depuis 1990. Natif de Garoua, il est issu d‘une influente famille du nord du Cameroun. Ancien sportif de haut niveau, il fut d’abord sélectionné dans l’équipe nationale d’athlétisme puis rejoint la sélection camerounaise de basketball dans les années 60. Il mène alors en parallèle une vie de professeur d’éducation physique.

Mais tout comme ses illustres ainés et membres de sa famille, à l’image de son frère Sadou Hayatou qui fut Premier ministre du Cameroun, il semble amené à rejoindre les instances décisionnaires du pays. Dès l’âge de 28 ans, il stoppe en effet sa carrière de sportif pour les bureaux du secrétariat général de la Fédération camerounaise de football, une position qu’il occupe de 1974 à 1983. En 1986, après 4 ans en tant que directeur des sports au ministère de la Jeunesse et des Sports, Issa Hayatou devient président de la Fédération camerounaise de football. Un court intérim, puisqu’ il prend ensuite la tête de la Confédération africaine de football (CAF) en 1988. Il devient ensuite membre du comité exécutif de la FIFA en 1990.

Sous sa présidence depuis plus de 25 ans, le football africain connaît une grande avancée, en faisant passer par exemple le nombre de représentants de sa confédération pour la phase finale de la Coupe du Monde de 2 à 5. Il élargit également le format de la Coupe d’Afrique des nations en passant de 8 à 12 équipes pour atteindre 16 équipes lors de l’édition 1996. Il permet en outre le développement de compétitions de clubs tels que la ligue des champions africaine. De plus, on peut mettre à son crédit l’obtention du Mondial 2010 en Afrique du Sud, probablement l’une de ses plus grandes satisfactions.

Son influence est alors grandissante non seulement dans le football africain dont il a fait croitre la popularité et les résultats, mais également dans toute la planète football. En effet, il entretient depuis des années des liens étroits avec le président de la FIFA, le suisse Joseph Blatter, contre qui il opposa, sans succès, sa candidature en 2002.

Polémiques, soupçons de corruption et d’implication dans le nouveau scandale FIFA

Malgré son importance et son accomplissement pour l’Afrique, la longévité d’Hayatou à la tête de la CAF entraine forcément son lot de polémiques. Parmi les plus relatées, les soupçons de corruption dont il fut l’objet en 2010 et 2011 lors d’une affaire de pots de vin.

Mais c’est bel et bien sa relation avec Blatter qui suscite l’intérêt ces derniers-temps. Fin mai 2015, un scandale sans précédent impliquant plusieurs membres du comité exécutif éclate au sein de la FIFA, à la veille de l’élection de son nouveau président. Joseph Blatter, pourtant fraichement réélu, démissionne le 2 juin 2015 sous la pression des investigations de la justice américaine et du FBI.

Ce scandale impliquant Blatter mais également ses plus proches collaborateurs, Issa Hayatou risque donc d’être lui aussi dans le collimateur des enquêteurs, lui qui soutient toujours son ami bec et ongles. S’il s’est avoué « totalement surpris » de la démission de Blatter, l’intéressé reste pour le moment serein et nie en bloc toute implication, en affirmant n’avoir été « ni inquiété, ni entendu » dans cette affaire. Il déclare par ailleurs que la FIFA est « unie », et refuse de parler de succession à la présidence, du fait de son âge.

Le temps pour Issa Hayatou de se retirer de la CAF

Après 27 ans de pouvoir et sept mandats, est-ce temps pour le « tout puissant » président de la CAF de se retirer ? Si son parcours parle pour lui, son image est ébranlée après le récent scandale de la FIFA qui pourrait délégitimer l’homme étiqueté « pro-Blatter ». Si, selon son propre aveu, « la CAN 2017 sera ma dernière », laisse à penser qu’il se retirera, ce n’est pas l’avis de ses proches qui espèrent le voir rempiler pour un huitième mandat. De plus, on peut s’attendre à tout avec un homme qui avait déjà déclaré passer le relais dans le passé, pour finalement revenir sur sa décision. Mais les investigateurs internationaux surveillent, et si son implication est avérée, Issa Hayatou pourrait bien voir la justice décider pour lui de son avenir…

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