Le commerce du beurre du karité en provenance d’Afrique permet à de nombreuses femmes de subvenir à leurs besoins et participer à la croissance économique de leur pays. Le karité, une ressource naturelle et renouvelable : le nouvel or vert de l’Afrique ?
« Je gagne beaucoup d’argent pour ma famille en vendant du beurre de karité » affirme Lucette Ndogo, vendeuse sur le marché central de Douala au Cameroun. Le commerce du beurre du karité apporte un emploi ainsi qu’un salaire à de très nombreuses Africaines comme Lucette. Selon des estimations 3 millions de femmes tireraient 80% de leurs revenus de cette activité.
On obtient le beurre de karité en écrasant la noix du karité, un arbre qui pousse uniquement en Afrique, dans le sud du Sahel. Reconnu pour ses qualités thérapeutiques, il est utilisé en cosmétique ainsi qu’en cuisine et fait l’objet d’une grande demande sur le marché mondial, émanant d’entrepreneurs et de géants de l’industrie cosmétique comme l’Oréal.
Ce sont majoritairement les femmes qui gèrent le commerce du précieux excipient, de la cueillette jusqu’à la vente sur le marché local en passant par le processus de transformation. Organisées en coopératives ou en PME, elles travaillent en respectant les méthodes traditionnelles et les règles de l’agriculture biologique, ce qui rend le beurre de karité très attractif pour les marchés occidentaux.
Un fort impact économique
L’Afrique produit chaque année près de 700 000 tonnes de karité pour des revenus qui varient, selon le New York Times, entre 90 et 200 millions de dollars. Le qualificatif « or vert » n’est pas usurpé. Il constitue une part importante des revenus des pays (jusqu’à 20% pour le Burkina Faso) et permet aux femmes de participer de manière active à la vie économique de leurs communautés.
En effet, selon une étude menée en 2010 au Burkina Faso par l’USAID et publiée dans le New York Times, une recette de 1000 dollars sur la vente du beurre rapporterait jusqu’à 1580 dollars supplémentaires une fois réinjectée dans d’autres activités de l’économie locale.
Awa Traoré, agricultrice et vice-présidente de l’association des femmes du village de Wolodo au Mali, explique dans une interview à FarmRadio qu’elle peut vendre du beurre raffiné jusqu’à 1,35 dollars le kilogramme sur le marché local, avec une hausse des prix lors de la saison pluvieuse.
La question éthique
Mais tout n’est pas idyllique! Le nombre d’associations et de coopératives de commerce équitable qui réclament un meilleur traitement des travailleuses agricoles africaines est croissant. Elles dénoncent le doute qui plane toujours sur le salaire proposé aux petits exploitants les plus vulnérables et lancent aux entreprises le défi de maîtriser les coûts de revient sans pénaliser les producteurs.
C’est autour de cette problématique qu’a eu lieu, en mai 2013 à New York, la première conférence de l’industrie du karité organisée par l’Alliance mondiale du karité. Les producteurs africains ont eu l’occasion d’y rencontrer des enseignes comme TheBodyShop ou l’Oréal pour échanger des idées sur l’avenir du secteur et les projets à mettre en place. L’objectif était de faire bénéficier davantage d’Africaines du commerce équitable.
Le rôle des entreprises dans le développement
Les entreprises multinationales qui utilisent du beurre de karité dans leurs produits cosmétiques ont un rôle d’accompagnement auprès des populations locales. Un rapport du PNUD intitulé L’Occitane au Burkina Faso : Bien plus que du commerce avec les producteurs de beurre de karité montre les bénéfices de l’engagement de l’Occitane dans la société locale.
Ainsi, Mark Davis, directeur du service commerce équitable de TheBodyShop déclare vouloir « créer un secteur du karité durable ». Pour y arriver, il est selon lui « indispensable de faire partie de l’Alliance mondiale du karité ».
Pour réussir à répondre à une demande toujours croissante, les femmes devront relever l’enjeu de la modernité en apprenant à maîtriser de nouveaux outils et machines, un processus déjà en cours dans de nombreuses régions, par exemple en Côte d’Ivoire où des formations sur les « bonnes pratiques » agricoles sont proposées aux producteurs.