Avec cette deuxième édition du Cyber Africa Forum, les dirigeants africains veulent coopérer et mettre en avant l’importance de la cyber-sécurité pour lutter face à la cybercriminalité qui coûte beaucoup d’argent et empêche le bon développement des économies du continent.
La deuxième édition du Cyber Africa Forum (CAF) se tiendra en Côte d’Ivoire, à Abidjan, les 9 et 10 mai prochains. Il s’agit d’une plateforme d’échanges entre les différents acteurs de la vie numérique, économique et politique du continent africain, qui vise à améliorer la cyber-sécurité grâce à une coopération continentale. La première édition a eu lieu en juin 2021, déjà à Abidjan, et avait été orientée aussi sur les problématiques de sécurité. Cette année, le thème général est intitulé « souveraineté numérique et protection des données, leviers de croissance économique pour le continent africain ».
Pendant ces deux jours, des représentants de gouvernements et d’organisations multilatérales mais aussi plus de 80 experts en provenance de 25 pays vont se réunir. Des grandes entreprises concernées par ces cyber-attaques seront également présentes (parmi elles, Huawei, Ecobank Visa ou encore Deloitte Afrique). L’objectif commun est de parvenir à trouver des solutions concrètes dans le but de prévenir et réduire cette cybercriminalité. Des initiatives seront mises en avant, comme le « Cyber Africa Women » et un hackathon regroupant une trentaine de candidats.
Le taux de pénétration d’Internet en Afrique est passée de 1 % à 43 % en vingt ans
Ce désir de mobiliser les forces répond à une urgence concrète : le taux de pénétration d’internet sur le continent africain a considérablement augmenté lors des vingt dernières années, passant de 1 % au milieu des années 2000 à 43 % en 2021. La généralisation du télétravail dans le monde lors des deux années précédentes suite à la pandémie de Covid-19 a encore accéléré cette dépendance au numérique. De fait, sur le continent africain, plus d’utilisateurs se connectent, ce qui provoque plus d’opportunités pour les cybercriminels, d’autant plus que les réseaux sont vétustes et les systèmes de sécurité pas forcément fiables. Sans compter l’imprudence des utilisateurs et des entreprises, pas forcément rompus aux exigences de sécurité en ligne. Roger Adom, le ministre ivoirien de l’économie numérique, a bien résumé l’enjeu qui attend l’Afrique au cours des prochains mois et années : « digitaliser sans protéger, c’est dangereux. »
Quelques chiffres illustrent l’importance de ce fléau : 4 milliards de dollars auraient été perdus en 2020 en Afrique en raison de la cybercriminalité. La Côte d’Ivoire, à elle seule, indique que la cybercriminalité lui a coûté 20 milliards CFA lors des dix dernières années. Sur l’ensemble du continent, 28 millions d’attaques ont été répertoriées sur la période janvier-août 2020.
Un enjeu de l’émergence de l’Afrique
Parmi les pratiques courantes des hackers, il existe des escroqueries classiques via des faux liens, des piratages d’adresses de messagerie ou de comptes bancaires mais aussi des prises de contrôle de distributeurs automatiques. Les autorités en charge de la surveillance numérique déplorent aussi la propagation des rançongiciels par des hackers. Il s’agit de logiciels permettant à des hackers de pénétrer le système informatique d’une entreprise pour la bloquer et demander une rançon en échange d’un déblocage.
Tous ces dangers pèsent sur l’économie africaine qui sait aujourd’hui que le virage du numérique doit être bien pris pour réussir à accélérer le développement d’un continent plein de ressources et d’espoirs en l’avenir. Certains parlent même de la cyber-sécurité comme d’un enjeu de l’émergence de l’Afrique. Les avancées effectuées au cours de ce CAF 2022 sont donc attendues avec impatience.
Photos : incyber.fr et cybersecuritymag.africa