Malgré les progrès effectués depuis une décennie, un Africain sur deux n’a pas accès à l’électricité. Pour remédier à cela, le continent a lancé une mission « accès universel à l’énergie pour 2030 ». Et l’addition s’annonce salée!
500 milliards de dollars. C’est le montant astronomique annoncé par la secrétaire générale adjointe de l’ONU, Amina J. Mohammed, pour que l’Afrique obtienne enfin un accès universel à l’électricité d’ici 2030. Face à une facture aussi gargantuesque, et alors que le taux d’électrification est actuellement de 56%, l’Afrique aura besoin de soutien.
L’Afrique snobée par les aides internationales ?
Ainsi, la responsable onusienne a exhorté les dirigeants des pays développés à respecter leurs engagements. En effet, 100 milliards de dollars d’aides annuelles envers les pays en développement doivent normalement être distribués chaque année par les nations les plus riches. Et pourtant, difficile pour l’Afrique de ne pas se sentir flouée par de fausses promesses… L’an dernier, « seulement » 26 de ces 100 milliards d’aides annuelles ont finalement été récoltées par l’Afrique, contre 43 pour l’Asie. Une différence de traitement qui ne passe pas inaperçue.
Dans les faits, cela donne près de 22 milliards investis en 2022 dans les seuls raccordements électriques. De toute évidence, cela ne suffira pas à alimenter l’ensemble du continent en électricité. Surtout lorsqu’il paraît évident qu’encore une fois, la somme ne paraît pas nécessairement équitablement répartie puisque tous les pays d’Afrique n’ont évidemment pas les mêmes besoins.
La Grande Corne de l’Afrique : la zone critique
À en croire l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation d’énergie dans la Grande Corne de l’Afrique a augmenté de 3 % au cours de la dernière décennie. Toutefois, en raison de la croissance démographique simultanée, couplée avec des infrastructures lacunaires, cette même agence estime que 150 millions de personnes n’y ont actuellement pas accès à l’électricité. Soit 40 % de la population de l’Afrique subsaharienne dispersée entre la Somalie, l’Ouganda, le Sud-Soudan, le Soudan, le Kenya, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Djibouti…
En outre, la zone de la Grande Corne, au même titre que l’ensemble du continent africain, a fortement ressenti l’impact de la pandémie de covid-19. Et depuis, les effets de la hausse des prix de l’énergie générée par l’invasion de l’Ukraine continuent d’accroître la pression. Le gaz de pétrole liquéfié (GPL) étant l’un des principaux combustibles de cuisson propres (ndlr : non-polluants) disponibles en Afrique, le continent va devoir se tourner vers d’autres sources d’énergie plus vertes, ne serait-ce que pour alléger sa dépendance au pétrole.
Le continent qui a le plus à gagner de la transition énergétique
Dans ses rapports, l’AIE conclut ainsi que les ressources limitées du financement public ne pourront suffire, surtout dans l’optique du développement des énergies renouvelables. Néanmoins, ils pourraient servir de catalyseur à d’autres investissements, cette fois venus de capitaux privés, qui profiteront à l’électrification globale de l’Afrique.
Et si une transition énergétique n’est jamais un chantier tranquille, les bénéfices pourraient être inégalés dans le cas du continent africain. Les technologies basées sur l’énergie solaire par exemple, sont à la fois plus efficaces et moins coûteuses, et peuvent augmenter la résilience de l’Afrique face aux sécheresses qui la tourmentent bien souvent. Une transition énergétique globale devrait également permettre à l’Afrique de devenir un acteur majeur dans l’extraction et le traitement des minéraux critiques, indispensables à la construction de batterie ou aux technologies de l’hydrogène.
À l’aube d’une nouvelle Afrique ?
Vous l’aurez compris, le défi est de taille. Cependant, la perspective d’une électrification globale, notamment si elle est alimentée en énergies renouvelables, pourrait permettre à l’ensemble du continent de se positionner comme un modèle de transition pour l’ensemble du monde.
Une belle revanche pour l’Afrique, trop souvent délaissée par la communauté internationale et particulièrement exposée au changement climatique, alors qu’elle est la région de la planète qui contribue le moins aux émissions de gaz à effet de serre.
Photos : afrik21.africa et afdb.org