Traversant toute l’Algérie et longeant les côtes méditerranéennes, l’autoroute Est-Ouest est un projet titanesque qui doit relier la ville de Maghnia, près de la frontière marocaine à El Tarf, près de la frontière tunisienne.
L’infrastructure routière a été prévue pour desservir les grandes villes algériennes, telles que Tlemcen, Oran ou Chlef. Pour rassembler les fonds nécessaires dans la réalisation du projet, un appel d’offres international a été lancé le 23 juillet 2005. Deux consortiums ont raflé la mise: le Chinois CITIC-CRCC et le Japonais Cojaal. Le chantier devait initialement durer 40 mois, mais les retards se sont accumulés depuis.
Aires de repos et stations-service
L’un des points d’achoppement à la crédibilité du projet demeure la mise en place des stations-service et des autres unités de service. Pour une infrastructure routière d’une telle envergure, une station-service et/ou une aire de repos devrait être installée tous les 20 km. Lors du lancement du projet, la construction de telles infrastructures n’était pas prévue alors qu’elles sont pourtant indispensables pour ce genre de réalisation. Si bien qu’à la fin de certains tronçons de plusieurs centaines de kilomètres, les automobilistes étaient obligés de faire des détours pour faire le plein de carburant.
Pour y remédier, le ministre algérien des Travaux publics, Amar Ghou a annoncé en avril dernier que 76 aires de repos et de loisirs seront prochainement mises en place. Elles s’ajoutent aux stations-services déjà opérationnelles. Cette annonce vise à réhabiliter l’image désastreuse que laisse en arrière-goût le projet de l’autoroute, à cause des retards et des incohérences décisionnelles notamment sur la réalisation des unités de services nécessaires. Seulement 10 stations-service ont été construites depuis le début du chantier. La dernière en date, conçue par l’entreprise Naftal, la filiale spécialisée dans la distribution de produits pétroliers de la compagnie nationale Sonatrach, a été inaugurée en février dernier. Ce qui est encore insuffisant pour boucler les 1000 km d’autoroute déjà opérationnels. L’entreprise projette de réceptionner 33 stations-services, sur les 42 prévues, à la fin de cette année 2013.
Gestion
La question de la gestion des stations-service a secoué le microcosme politico-économique algérien. L’ancien ministre algérien de l’énergie, Chakib Khelil, a été accusé d’avoir été mouillé dans un scandale de conflit d’intérêt impliquant des entreprises qataries. L’homme aurait été tout proche de céder la gestion des stations-service de l’autoroute Est-ouest à des investisseurs qataris, à travers le groupe Qatar Fuel Woqod, détenu par Abdullah Ben Hamad Al Attiyah, ministre de l’énergie et de l’industrie du Qatar. Il était prêt à jeter son dévolu sur un marché important et stratégique, une manière d’avoir la mainmise sur le secteur du transport. Considéré comme classé, ce projet a, en coulisse, l’appui du président Abdelaziz Bouteflika et d’autres personnalités. S’il venait à être effectif, ce serait l’un des plus grands hold-up financiers réalisés en Algérie, à la mesure du gigantisme du projet autoroute Est-Ouest.