Le gaz de schiste représente le tiers des réserves mondiales de gaz. Devant le tarissement des sources d’énergie conventionnelles, ce gaz non-conventionnel intéresse et suscite les convoitises.
Le gaz de schiste est présenté comme l’énergie de demain. A quelques encablures de l’Amérique du Sud et de l’Europe, l’Afrique vient en troisième position des continents les mieux dotés en réserves de gaz de schiste. L’Afrique du Nord est très bien nantie. Les réserves algériennes sont estimées à 20 000 milliards de m3. Celles de l’Afrique du Sud seraient de 11 000 milliards de m3. La Tunisie, quant à elle, se positionne en excellente position à l’échelon africain avec, environ, 651 milliards de m3.
Déficit énergétique
Tout comme dans les pays développés, en Tunisie, la consommation d’énergie induite par la croissance économique et l’amélioration des conditions de vie a fait grimper la demande énergétique. A cela s’est ajouté le déclin des ressources en hydrocarbures du pays. Par conséquent, la balance énergétique est passée d’un large excédent à un équilibre précaire, et ce en quelques années. Le phénomène est amené à croître les prochaines années.
Le gaz de schiste représente donc un recours salvateur pour rééquilibrer la balance énergétique. Les réserves tunisiennes, estimées à 651 milliards de m3, pourraient couvrir la consommation nationale durant 80 ans. Faire appel et exploiter cette énergie n’est pourtant pas sans risques. D’où l’appréhension de l’opinion publique. La méthode d’exploitation actuelle du gaz de schiste a un impact très important sur l’environnement. La méthode consiste en un forage directionnel combiné à la fracturation hydraulique d’un grand nombre de puits est très décrié. Toutefois, devant le déficit énergétique qui s’intensifiera d’années en années, le gouvernement tunisien, a décidé d’intensifier les recherches en matière de gaz de schiste. Par le biais du chef de gouvernement, des mesures allant dans ce sens seront bientôt mises en œuvre.
Polémiques
En 2010, des opérations de fracturation ont été menées en 2010 en Tunisie. Mené sur les puits d’El Franig 5, le forage vertical visait à évaluer les possibilités d’extraire la zone supérieure du réservoir susceptible de contenir des hydrocarbures de schiste. Le major Shell s’est clairement positionnée comme un acteur principal de l’exploitation de gaz de schiste en Tunisie. En novembre 2012, le gouvernement tunisien avait acté la signature d’un contrat avec cette compagnie pétrolière anglo-hollandaise pour exploiter cette ressource. L’accord a été conclu en catimini sans consulter l’Assemblée nationale constituante (ANC). La compagnie pétrolière Shell est prête à investir dix milliards d’euros sur le territoire tunisien et prévoit quatre forages dans le bassin de Kairouan, au centre du pays. La production estimée est de l’ordre 12 000 barils par jour à l’horizon 2020 et de 70 000 à long terme.
Cette nouvelle manne sera une bouffée d’air frais bienvenue dans la course énergétique de la Tunisie, mais elle ne plaît pas à tout le monde. Une bonne partie de l’opinion publique tunisienne est déjà contre ce projet. Depuis 2012, diverses manifestations ont régulièrement eu lieu pour exprimer leur opposition à l’exploitation de cette ressource dans le pays. Les questions liées à l’environnement sont les préoccupations des manifestants ainsi que l’attribution des licences.
Un consensus devrait se dégager entre intérêts environnementaux et économiques. Le gap énergétique tunisien sera amené à s’accroître dans les années à venir.