L’économie de la pêche est vitale au Maroc. Avec un littoral s’étendant sur une longueur de 3 500 km dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée, le secteur est un levier de développement économique incontournable pour le pays, après l’agriculture et le tourisme.
Entré en vigueur le 28 février 2007, l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche conclu entre l’Union Européenne (UE) et le Maroc a déjà apporté une contribution financière de 36,1 millions d’euros à l’Etat marocain, dont 13,5 millions destinés à soutenir la politique de la pêche du pays.
Grâce à cet accord, et au protocole qui en découle, des navires provenant de onze États membres de l’Union Européenne peuvent pêcher librement dans la zone économique exclusive marocaine. Les accords ont été renouvelés et reconduits pour une période de 4 ans en juillet dernier. Le premier accord de pêche conclu entre l’UE et le Maroc date de 1995. C’était l’un des plus importants accords signés entre l’UE et un pays tiers.
Redevances et taxes !
Pour le Maroc, cet accord de partenariat est générateur de revenus. Les redevances et les taxes provenant des bâtiments européens sont des mannes providentielles. Pour une tonne de thons pêchée par exemple, un thonier européen doit verser à Rabat 25 euros. Ainsi, le royaume bénéficiera d’une contrepartie financière totale annuelle estimée à 40 millions d’euros.
Sur le plan de l’emploi, le secteur représente plus de 400 000 actifs. Des termes du protocole d’application prévoient quelques dispositions contraignantes pour les navires européens. Ils contribuent à générer de l’emploi du côté marocain. Ainsi, des dispositions prévoient l’embauche de marins marocains sur les chalutiers européens, entre quatre et huit selon le tonnage des bateaux. Pour surveiller les captures, le protocole oblige également les plus gros chalutiers à embarquer des observateurs marocains.
Négociations âpres!
Démarrées en novembre 2012, les négociations en vue de la conclusion d’un nouveau protocole n’ont pu aboutir que récemment. Il a fallu 6 rounds de négociation avant d’aboutir à la ratification du protocole d’accord en juillet dernier. Les termes du contrat ont été quelque peu modifiés.
Désormais, 126 bateaux européens, la plupart battant pavillon espagnol, disposeront d’un droit de pêche. Ils étaient 137 dans le cadre de l’ancien protocole. Un quota annuel de 60 000 tonnes pour la pêche pélagique industrielle sera affecté à ces chalutiers européens. Le nouvel accord prévoit également 6 catégories de pêche avec une réduction des possibilités de pêches par rapport à l’ancien protocole.
L’un des points d’achoppement à la signature du nouvel accord a été la question concernant les intérêts de la population du Sahara occidental, une ex-colonie espagnole contrôlée par Rabat et qui compte plus d’un millier de kilomètres de côtes. Le précédent protocole avait été mis en veille par les parlementaires européens à cause de cette même question. Ce qui a avait entraîné une crise auprès du secteur de la pêche, notamment espagnole.
La reconduction de l’accord de pêche entre l’UE et le Maroc est un véritable « ouf » de soulagement, notamment pour l’Espagne, l’une des premières bénéficiaires. Mais des effets sur le long terme d’une surexploitation des ressources halieutiques ne sont pas à exclure, au grand dam des Marocains surtout !