L’intelligence artificielle est dans tous les champs des activités humaines et devient un enjeu géopolitique clé pour l’Afrique qui ne doit pas rater le train de l’IA. Cependant pour concurrencer les pays leaders dans le numérique, elle va devoir redoubler d’efforts pour rattraper son retard. Le premier symposium régional sur l’intelligence artificielle organisé au Togo en décembre dernier lance le chantier de la première agence d’IA en Afrique francophone et marque son entrée dans la compétition.
La course au contrôle du cyberespace planétaire est dominée jusqu’à présent par les Etats-Unis et la Chine. L’Afrique, et notamment la partie francophone, demeure invisible dans ce domaine. En effet sur le continent, le développement de l’IA ne répondait pas à un besoin essentiel compte-tenu d’une main d’œuvre humaine abondante à très bon marché contrairement aux pays occidentaux. L’investissement massif nécessité par des machines intelligentes, n’avait pas été jusqu’alors priorisé par les entreprises et les gouvernements.
Et même au sein du continent, l’Afrique francophone est en retard ! Car la partie anglophone du continent a déjà un peu d’avance et compte plus de douze entreprises spécialisées dans l’IA, le Ghana étant le précurseur avec un premier centre Google ouvert à Accra en avril 2019.
Le Togo entre dans la course
Il était donc essentiel que la zone francophone se dote d’outils qui lui permettent d’espérer rattraper le temps perdu. L’ouverture du siège de l’Agence francophone pour l’intelligence artificielle (AFRIA) à Aného au Togo inauguré le 16 décembre dernier lors du premier symposium régional sur l’intelligence artificielle, est une étape majeure. Reste à savoir si cela permettra la réalisation des objectifs fixés par la CEDEAO à l’horizon 2030.
Un virage numérique nécessaire pour l’Afrique
Bien plus que de drainer des financements internationaux et de susciter l’intérêt des géants de la technologie, l’IA est un vecteur de croissance économique et de développement formidable. Source de rayonnement international et de compétitivité pour les entreprises spécialisées, les retombées positives d’une transition numérique s’étendraient à la santé, l’agriculture, le développement durable mais aussi au volet éducatif et universitaire.
En effet, d’après le docteur Chérif Diallo, cette technologie permet de créer des pôles universitaire d’excellence, de générer de nouveaux emplois dans le numérique et de lutter durablement contre le chômage des jeunes. Elle permet également de limiter le « brain-drain » et de contenir la migration des élites intellectuelles africaines vers des pays plus développés. Mais le docteur insiste sur le rôle moteur du gouvernement pour que cette transition se fasse dans les meilleures conditions.
Créer les conditions adéquates
Dans un premier temps « réduire la fracture numérique », notamment dans les zones rurales, est inévitable. L’enjeu est d’aider les Africains à accéder aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Au Sénégal, suite à une initiative de l’UNESCO et de la DDC, 60 centres multimédias communautaires ont déjà été créé depuis 2007.
Une forte impulsion doit également être donnée à l’éducation pour sensibiliser la jeunesse aux opportunités qu’offre l’intelligence artificielle et investir dans des campagnes promotionnelles.
Le défi est élevé mais inévitable et il faudra regrouper ses forces et investir des moyens financiers, humains et technologiques suffisants pour s’aligner sur les pays africains anglophones et espérer un jour concurrencer la Chine et les Etats-Unis. Et si possible tout en assurant une juste redistribution des fruits de la croissance aux Africains.
Sources des photos : cio-mag.com / energyservicesexperts.com / socialnetlink.org / senrevision.com