Apparue en Guinée en décembre 2013, l’épidémie d’Ebola, qui s’est propagée au Liberia et à la Sierra Leone, a depuis lors provoqué la mort de près de 5 000 personnes. Au-delà des conséquences humaines et sanitaires dramatiques, la propagation du virus entraine aussi de graves répercussions financières sur des pays à l’économie fragile.
Des mesures de protection ont été décidées afin de contrer la propagation du virus. Parmi celles-ci, la fermeture des frontières des pays touchés est évoquée par de nombreux gouvernants. Si la pertinence et l’efficacité d’une telle décision sont critiquées par les hautes instances sanitaires, le Sénégal a d’ores et déjà entériné cette fermeture, provoquant un gel des activités d’entreprises, qui pour certaines se retrouvent au bord de la faillite. Le secteur aérien est lui aussi concerné, puisque les compagnies desservant ces pays enregistrent une forte chute du nombre de passagers, entrainant une baisse de leurs cotations boursières. Les entreprises étrangères rapatrient leur personnel. Les voyagistes doivent faire face au désistement massif de touristes se rabattant sur d’autres destinations. Le secteur minier, de première importance pour la Sierra Leone et le Liberia, tourne au ralenti. Enfin, les compagnies d’assurance se préparent à subir de lourdes pertes.
Une incidence majeure
Les gouvernements des pays touchés par le virus doivent aussi faire face à de lourdes dépenses non prévues au budget. Au Liberia, les frais entraînés par le virus sont estimés à 12 millions de dollars, et devraient encore augmenter au troisième trimestre. Tandis que les dépenses augmentent, les recettes douanières et fiscales diminuent. Les premières estimations des conséquences économiques subies sont loin d’être rassurantes pour des états confrontés depuis des décennies à la crise et aux guerres civiles. Dans un communiqué daté du 26 aout, la Banque africaine de développement (BAD) chiffre entre 1 et 1,5 point la perte de PIB pour la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée, soit un manque à gagner s’élevant à 359 millions de dollars. Si l’épidémie n’est pas maitrisée, l’année 2015 verrait ce chiffre porté à 32,6 milliards de dollars, entrainant une perte de croissance allant de 9 à 12 points selon les pays.
Des causes inattendues
Le 17 septembre, la Banque mondiale publiait un communiqué pointant le « facteur peur » comme première cause des pertes économiques essuyées par les pays concernés. L’agence de l’ONU estime que le véritable impact négatif n’est pas dû à l’accroissement des dépenses de santé, ni à la hausse de la mortalité, mais à « une réaction de panique alimentée par la peur de la contagion. » Le schéma s’est déjà produit lors des épidémies de SRAS et de grippe H1N1, entrainant des fermetures de frontières à grande échelle et la suspension des vols commerciaux. D’où l’exhortation de la BM à ne pas sombrer dans la « psychose », afin de ne pas aggraver une situation déjà critique.
Aides financières
Devant l’urgence de la situation, la Banque mondiale a annoncé en septembre le déblocage de 400 millions de dollars, qui seront répartis entre la prise en charge médicale des patients et des aides aux économies guinéenne, libérienne et sierra-léonaise. Le 30 octobre, une rallonge de 100 millions supplémentaires était décidée pour la mise en place d’un centre de coordination, qui sera basé au Ghana. Mais sur les 500 millions de dollars promis, seuls 117 millions ont été pour l’instant déboursés.
Quant à la France, François Hollande a promis de contribuer à hauteur de 20 millions d’euros dans un « plan global de lutte contre la maladie en France et en Afrique de l’Ouest ». Cette somme, annoncée le 28 octobre, devrait être débloquée au cours de la première semaine de novembre et concerner essentiellement la Guinée. Les états se sont en effet repartis les sphères d’aide économique, le Royaume-Uni intervenant en Sierra-Leone, les Etats-Unis au Liberia et la France en Guinée.
Quoi qu’il en soit, les répercussions économiques engendrées par l’apparition d’Ebola seront difficiles à absorber pour des pays qui mettront probablement plusieurs années à se remettre de cette terrible épidémie.