Si la chaîne Canal+ est en chute libre en France, elle a le vent en poupe sur le continent africain. Le groupe y lance en collaboration avec iRokoTV le premier « Netflix africain » 100 % francophone : iRoko+.
Depuis son rachat par le groupe de Vincent Bolloré, la chaîne Canal+ vit une véritable descente aux enfers en France. Des émissions cultes comme les Guignols de l’Info ou le Petit Journal sont remodelées, les têtes ne cessent de changer et la programmation est fortement critiquée.
Car les résultats ne sont pas bons en France où la chaîne cryptée a perdu lors des trois derniers mois pas moins de 183.000 abonnés. Vincent Bolloré parle même de la possibilité de fermer Canal + qui pourrait afficher cette année un déficit de 400 millions d’euros. Mais dans le même temps, le groupe a bondi en Afrique, gagnant quelques 500.000 nouveaux clients. Parmi les atouts de Canal+ en Afrique, la création de iRoko+, le futur Netflix africain francophone.
iRoko+ révolutionne le paysage audiovisuel francophone en Afrique
iRoko+, c’est la nouvelle offre censée révolutionner le monde des médias francophones en Afrique.
Fruit d’un partenariat entre le groupe Canal+ et la chaîne nigériane iRokoTV (et d’un contrat de plusieurs millions d’euros), iRoko+ mise sur le local en proposant pas moins de 1.800 heures de programmes adaptés au public africain francophone. Au menu, une multitude de films made in Nollywood (comprenez des films nigérians), mais aussi des telenovelas, ces séries sud-américaines interminables dont les Africains sont particulièrement friands. L’offre iRoko+ intègrera également les émissions déjà diffusées par la chaîne francophone A+. Les programmes offerts par iRoko+ seront accessibles en français à 100 %.
iRoko+ mise sur la mobilité
iRoko+ a aussi su s’adapter du point de vue du format, en proposant une offre adaptée aux appareils mobiles grâce à son application accessible sur Google Play. C’est une première en Afrique pour des contenus francophones. Pourtant, le continent, qui est de plus en plus connecté, a misé pleinement sur le mobile, aussi bien en terme de connectivité que d’appareils. L’offre proposée par iRoko+ sera une offre SVOD, c’est à dire un abonnement donnant accès de manière illimitée à un service de vidéos à la demande, sur le même principe que l’américain Netflix.
La francophonie est un marché prometteur pour l’audiovisuel
Mondialisation oblige, le secteur de l’audiovisuel n’a plus de frontières géographiques. Il ne connaît que des frontières linguistiques. C’est donc tout naturellement que nous glissons d’un marché français (et de marchés d’autres pays) à un marché audiovisuel francophone. La plupart des estimations prévoient qu’à l’horizon de 2050, 85 % des francophones de la planète résideront en Afrique. En d’autres termes, le futur de l’audiovisuel dans la langue de Molière se joue sur le continent africain. Pourtant, mis à part quelques tentatives de la part de CanalSat, TV5, Euronews ou TraceTV, les médias français n’ont pas réellement investi le marché potentiel offert par la jeunesse africaine. La plupart des médias étrangers sont en réalité chinois ou américains. Le champ laissé à iRoko+ en matière d’audience est donc énorme.
L’Afrique est le marché de l’avenir
Mais il n’y a pas que dans le domaine des médias que l’Afrique représente un marché d’avenir. Le continent est très jeune, dynamique, plein de ressources, et tout ou presque reste à construire. L’Afrique est l’avenir de l’économie mondiale. Les entreprises de tous les continents tentent de placer leurs pions sur le continent africain. Et Vincent Bolloré, le nouveau patron de Canal+, l’a bien compris. Il est déjà très implanté en Afrique dans les secteurs des transports, de la logistique ou encore des plantations. Selon le journaliste Thomas Deltombe, qui dresse un portrait de l’homme d’affaire dans le Monde diplomatique, le continent africain est un « pilier » qui constitue la « face cachée » de Vivendi.
Pour conforter son assise dans les économies émergentes africaines, il était donc tout à fait prévisible que Vivendi investisse dans le secteur très stratégique des médias. Le rachat récent du groupe Canal+ par Vivendi est en tout cas un signe de la volonté de plus en plus grande de Vincent Bolloré d’avoir une place prépondérante dans le monde des médias et de l’information, en France comme en Afrique.