La plateforme française de VTC Heetch à l’assaut de l’Afrique francophone

Auteur 5 février 2020 0
La plateforme française de VTC Heetch à l’assaut de l’Afrique francophone

La plateforme française de VTC Heetch a procédé à une levée de fonds de 34 millions d’euros en 2019 afin de pénétrer le marché d’Afrique francophone.

Le service pour jeunes fêtards a bien évolué. Heetch, l’entreprise française de VTC (plateforme de voiture de transport avec chauffeur) fondée par Teddy Pellerin et Mathieu Jacob ambitionne de conquérir l’Afrique francophone. Lors de sa création en 2013, la start-up était disponible entre 20 h et 6 h du matin, et visait seulement la vie nocturne parisienne en raison, notamment, de la décentralisation des lieux de fête vers les banlieues. 

Quatre ans plus tard, Heetch subit un important coup d’arrêt en raison d’une décision de justice qui interdit le service : la société écope de 200.000 euros d’amende dont 150.000 avec sursis, les deux fondateurs écopent chacun de 10.000 euros d’amende, dont 5000 avec sursis. Pour se remettre sur pied, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob changent de stratégie en recourant à des chauffeurs professionnels. Désormais, Heetch est une VTC, au même titre qu’Uber, par exemple. Deuxième application la plus téléchargée en France, elle attire des investisseurs dès janvier 2018 avec une levée de fonds de plus de 16,5 millions d’euros.

Le Maroc comme « pays-test » pour Heetch

Son développement traverse les frontières à destination de deux pays francophones : la Belgique, puis le Maroc, porte d’entrée vers l’Afrique. Installée à Casablanca, Marrakech et Rabat, la start-up s’associe avec des chauffeurs de taxi locaux pour mettre en place son business. Ils sont plus de 5000 chauffeurs à rejoindre la communauté en deux ans, pour une estimation d’environ deux millions de courses. La réussite du modèle au sein de ce « pays-test » en Afrique pousse les dirigeants à pratiquer une seconde levée de fonds. Le 9 mai 2019, 34 millions d’euros sont récoltés afin de pénétrer le marché d’Afrique francophone ciblant notamment le Sénégal, le Cameroun, l’Algérie et la Côte d’Ivoire.

L’idée de s’implanter dans ces pays tient en quelques raisons essentielles : une langue commune qui permet une meilleure compréhension entre tous les acteurs de la plateforme et surtout un marché moins concurrentiel qu’en Afrique anglophone, même si la réussite de Heetch au Maroc a déjà attiré de nouveaux services de VTC. Surtout, l’offre de transport public est très faible, le taux de propriété de véhicule personnel bien inférieur à l’Europe et la culture du « transport à la demande » est très forte dans les aires urbaines africaines. 

Les motos-taxis dans le viseur

Pour réussir son implantation, Heetch veut s’appuyer sur son expérience marocaine en s’associant aux taxis locaux. Ces derniers sont convaincus de l’intérêt de passer par une plateforme plutôt que de sillonner les rues parfois à perte. Heetch exige d’eux en contrepartie un véhicule bien entretenu n’ayant pas plus de huit ans de circulation. Le service est plus cher qu’un service de taxi de rue traditionnel mais l’assurance d’un confort et surtout d’une sécurité supplémentaire sont des arguments importants aux yeux des consommateurs, particulièrement la nuit pour les femmes qui se sentent régulièrement en danger lorsqu’elles attendent un transport dans la rue.

Les dirigeants de Heetch doivent cependant faire face à une problématique de taille : moins de la moitié des habitants d’Afrique subsaharienne possède un compte bancaire. Pour contourner l’obstacle, la start-up privilégie des paiements en cash et noue des partenariats avec des banques afin que les chauffeurs puissent déposer leurs commissions dans n’importe quelle agence sans frais. 

Face à la congestion des centres urbains des grandes villes africaines, Heetch choisit également de miser sur les motos-taxis dont l’accès par application est grandement développé en Afrique de l’Est, beaucoup plus que dans l’Ouest. Les engins sont triés sur le volet et la direction de la plateforme assure avoir recalé plus de 95 % des candidats sous prétexte qu’ils ne répondaient pas aux exigences de sécurité. 

Si Abidjan interdit depuis peu les motos-taxis dans son aire urbaine et nuit par ricochet à l’activité de Heetch, la start-up entend développer ce service au Cameroun, tout en espérant revenir très vite en Côte d’Ivoire en s’alliant avec un partenaire local. Entamée il y a moins d’un an, la conquête de l’Ouest par Heetch est semée de quelques embûches.

Sources des photos : lemonde.fr / sputniknews.com / bible-du-vtc.com / wandaloo.com / consonews.ma/

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