La révolution libyenne a surfé sur la vague du printemps arabe. La soif de démocratie et le besoin d’une révolution sociale et politique ont entraîné 9 mois de conflit armé sanglant ayant entraîné la chute du « roi » de l’Afrique, le guide Mouammar Kadhafi. La guerre civile a laissé des séquelles importantes sur l’économie libyenne, mais est également devenue une véritable opportunité pour les investisseurs et les hommes d’affaires.
L’économie repart
Malgré la violence du conflit armé et les impacts qu’il a eu sur les infrastructures sociales et économiques des principales villes de Libye, la reprise économique n’a pas tardé. La relance a été explosive et effective en l’espace de quelques mois seulement. Reposant sur la rente pétrolière, l’économie libyenne s’est redressée en 2012 après avoir connu une contraction importante en 2011. Cela, grâce à une reprise rapide de la production et de l’exportation des hydrocarbures. Le secteur pétrolier est un des piliers économiques de la Libye. Les réserves pétrolières du pays sont estimées à 44 milliards de barils et elles demeurent sous-exploitées. La Libye produit environ 1,6 million de barils de pétrole par jour, ce qui la classe au 17ème rang mondial. Avant la révolution, la France et l’Italie étaient les principaux clients de la Libye. Le secteur pétrolier a retrouvé en quelques mois la vitesse de croisière qui le caractérisait. La production pétrolière avait atteint 1,6 million de barils par jour en septembre 2012, soit la capacité de production d’avant la révolution.
Avec l’appui du secteur pétrolier, le re-décollage s’est constaté sur l’évolution du PIB réel en 2012, il a progressé de 95,5 % alors que le repli était de 59,7 % en 2011. Les perspectives tablent sur une croissance aux alentours de 15 % en 2013. Quant à l’inflation, elle a ralenti à 6,9 % en 2012, contre 15,9 % en 2011. L’économie intérieure libyenne a profité du bond de plus de 344 % de la composante « hydrocarbures ». Dans la foulée, les chantiers de la reconstruction ont permis de réhabiliter les infrastructures et des sites de production, tout en générant des emplois.
Enjeux financiers
Les ruines économiques et sociales de la Libye sont devenues des opportunités économiques pour des nations occidentales. Si des pays se sont empressés et ont montré un zèle étonnant à venir en appui aux insurgés, conduits par le Conseil national de transition, ce n’est pas seulement pour des questions relatives aux droits de l’Homme mais également pour des questions financières liées à la reconstruction du pays. Il faut dire que la gestion de l’après-Kadhafi a été une question d’envergure. Des pays particulièrement engagés, comme la France, n’ont pas attendu la chute du guide et de son régime pour lancer dans l’arène ses entreprises. Des sociétés françaises se sont clairement positionnées pour assurer la continuité des contrats signés pendant le règne de Kadhafi ou pour décrocher des contrats dans les secteurs du pétrole, des bâtiments et des armements.
Bien plus que la bataille de Tripoli ou de Bengazi, la reconstruction représentait une guerre bien plus intense en coulisse. Plus de 200 milliards de dollars sont en jeu, selon les estimations en septembre 2011. D’ailleurs bien avant que la guerre ne prenne fin, quelques pays ont mandaté des experts sur le sol libyen. Ainsi, des experts britanniques avaient été dépêchés auprès du Conseil National de Transition afin de « planifier » l’après-guerre.
La Libye possède d’énormes ressources financières mobilisables à moyen et long terme. A elles s’ajoutent les avoirs gelés du régime Kadhafi dans les pays étrangers estimés à 160 milliards de dollars sont répartis dans différents pays dont 30, 20 et 7,2 milliards respectivement aux États-Unis, en Grande Bretagne et en Allemagne. Toutefois, l’intervention de la coalition, la France en tête, n’est pas à mettre totalement à l’actif des intérêts pétroliers et financiers. Sous Kadhafi, Total était déjà très bien placé dans le marché de l’exploitation du pétrole libyen. D’ailleurs, l’intervention armée a coûté la bagatelle de 300 millions d’euros à la France.
Perspectives
Tout le monde n’aura pas sa part dans la distribution du gâteau libyen. Les voisins continentaux veulent également prendre part à la « fête ». Le Maroc a d’ores et déjà annoncé sa volonté de prendre part à la reconstruction de bâtiments et d’autres infrastructures. D’autres pays comme l’Afrique du Sud se sont également positionnés sans que des contrats n’aient été réellement paraphés.
Les secteurs pouvant faire intervenir des apports étrangers sont nombreux. Les opportunités suivent également la même tendance. Les infrastructures aéroportuaires, comme les aéroports de Tripoli et de Misrata, ont été lourdement touchées. Le secteur de la santé, tout comme celui du bâtiment, sera au centre du projet de reconstruction. Le business de la sécurité et de la défense sera en plein boom comme pour les pays ayant subi un conflit à l’image de l’Irak. Bien plus que la satisfaction des intérêts des pays ayant contribué au renversement du guide libyen, l’un des véritables défis de l’actuel régime libyen est la gestion durable des ressources pétrolières. Tout comme le renforcement des autres secteurs d’activités pour rendre le pays moins dépendants de la rente pétrolière.