Près de 98 millions de voitures vont être produites dans le monde en 2017, laissant place à une compétition féroce entre les géants de l’automobile qui se partagent le marché. Pour autant, cela ne dissuade pas de nouveaux arrivants africains qui comptent bien prendre leur part du gâteau. C’est le cas de Kantanka, la voiture produite au Ghana, qui fête sa première année d’existence.
Kantanka, c’est d’abord le patronyme de son inventeur : Kwadwo Safo Kantanka. Pasteur de profession, il ne cache pas son attrait pour le secteur commercial. Il possède ainsi plusieurs entreprises, auxquelles s’ajoutent 137 églises qui lui permettent de financer ses inventions. Car Kantanka est inventeur et inventif et il n’en est pas à son coup d’essai. Une voiture qui démarre via une montre en or, une télévision commandée grâce à la reconnaissance vocale, des robots parlants… Tant d’inventions qui ont connu plus ou moins de succès. Avec la création d’une voiture ghanéenne, il s’attaque à un projet ambitieux, mais pas utopiste.
« L’idée était dans les tuyaux depuis 1971 » déclare son fils Kwado Safo junior, aujourd’hui à la tête de la compagnie. Mais ce n’est que 44 ans plus tard, en décembre 2015, que la marque a été lancée. La société Kantanka, c’est surtout une volonté de celui que l’on surnomme « l’apôtre » en raison de ses activités ecclésiastiques, de valoriser l’économie ghanéenne en créant la première marque automobile du pays.
Une volonté nationale de développer le made in Ghana
Le président John Dramani Mahama a ouvert la voie dans ce sens en encourageant les Ghanéens à acheter local. En Afrique de l’Ouest, le pays est un exemple de stabilité. Porté par une croissance économique soutenue ces dernières années – les prévisions sont de 5,8 % pour 2016 – il reste malgré tout très dépendant de ses exportations de pétrole, d’or, de matières premières, et de cacao.
Les 4×4 Kantanka, produits localement, représentent donc l’opportunité de créer une nouvelle industrie au Ghana. La marque propose aujourd’hui des véhicules en deux versions, pick-up ou SUV, vendus entre 16.500 et 32.000 euros. Des véhicules fabriqués dans un atelier de production à 60 kilomètres de la capitale, Accra, et qui emploie 250 ouvriers. Les tableaux de bord sont décorés de boiseries qui proviennent des forêts ghanéennes, et le cuir des sièges est également fabriqué dans le pays. Seuls quelques composants ont tout de même dû être importés : les vitres, les étriers de frein, et les pneus.
Respectueuses de l’environnement, ces voitures sont équipées d’un moteur électrique, dont les batteries peuvent être rechargées de manière classique ou grâce à l’énergie solaire.
Des défis à relever pour Kantanka
Si l’initiative est louable, le challenge est loin d’être gagné. Car le marché automobile du Ghana est étroit et, chaque année, ce sont seulement 12.000 véhicules neufs et 100.000 véhicules d’occasion qui y sont importés. De plus, le prix de vente des véhicules Kantanka est élevé pour une population dont le salaire moyen annuel plafonne à 1500 euros. Consciente de ce handicap, la société travaille au lancement d’une ligne de berlines abordable pour le marché local.
Autre défi : les produits fabriqués en Afrique souffrent généralement d’une mauvaise réputation sur le continent. Kantanka tente de changer la donne et de rassurer les potentiels acheteurs sur la robustesse de leurs 4×4. « Ces voitures sont faites pour le Ghana. Nous connaissons parfaitement nos routes, et nous avons construit des véhicules à l’épreuve de ces routes », déclare Kwadwo Safo junior. Les véhicules ont aussi été approuvés par les autorités de sécurité des automobiles.
Si la première marque automobile ghanéenne a besoin de temps pour gagner la confiance de ses compatriotes, la police nationale ainsi que certains ministères pourraient d’ores et déjà s’équiper de ces véhicules. Et, autre bon signe pour la société, Kantanka aurait déjà refusé de nombreuses offres commerciales de l’Europe et de l’Asie, restant en ligne avec sa vision : développer l’industrie automobile en Afrique et pour l’Afrique.