Gibraltar: Un bout de terre d’à peine 6,8 km2 que se disputent l’Espagne et le Royaume-Uni depuis le 18ème siècle. Le début de la discorde remonte à l’annexion de ce territoire espagnol par les forces anglo-néerlandaises de l’amiral George Rooke, le 25 août 1704. Depuis, ce bout de terre au sud de la péninsule ibérique est l’objet de discordes fréquentes entre les deux royaumes.
Contre-offensive diplomatique
Tous les prétextes sont bons pour les Espagnols, afin de contester la « souveraineté » britannique sur Gibraltar. Dernier épisode en date : en juin dernier, les autorités du « rocher » ont mis en place un dispositif artificiel maritime composé de 70 blocs de béton dans le but d’ériger un récif pour permettre aux poissons de se reproduire. Une décision qui n’a pas été du goût des autorités espagnoles. Ces dernières sont venues à la rescousse des pêcheurs des villes ibériques voisines de l’enclave. A cause de ce dispositif, ils ne peuvent désormais plus lancer leurs filets sur ce bout de littoral où ils ont l’habitude de naviguer.
En guise de contre-offensive, Madrid a multiplié les formalités à la frontière entre l’Espagne et Gibraltar. Officiellement, cette manœuvre a pour objectif de contrôler la contrebande, le blanchiment d’argent et le trafic illicite. Officieusement, c’est une riposte diplomatique à l’endroit du Royaume-Uni. Dans cette bataille épique, ce sont les habitants du Gibraltar qui trinquent. Les contrôles au poste-frontière incommodent aussi bien les travailleurs frontaliers que les touristes. Plus de 6 700 habitants du Gibraltar ont une résidence du côté espagnol. La mesure de rétorsion adoptée par Madrid alimente la tension déjà très vive entre les deux pays.
Rétrocession
L’Espagne réclame depuis des décennies la rétrocession de ce territoire enclavé qui offre un débouché sur le détroit du même nom. Cet axe stratégique relie la Méditerranée à l’océan Atlantique. A coups de communication et d’interpellation, Madrid veut se réapproprier un site qui fut conquis en 1309 par le royaume de Castille, puis repris par le général mérinide Abu Malik en 1333 en ayant expulsé les Castillans, avant que les Britanniques ne mettent la main dessus. Gibraltar a été cédé à perpétuité à l’Angleterre par l’Espagne par le Traité d’Utrecht en 1713.
Au-delà de ces considérations historiques, l’Espagne veut également mettre fin au régime d’exception qui prévaut à Gibraltar. En effet, à quelques encablures d’une Espagne en profonde crise, l’insolente santé de l’enclave, symbolisée par un PIB en hausse de 7,8 % en 2012, apparaît comme exceptionnelle. Elle s’appuierait, pour certains, sur une concurrence déloyale. Ce territoire est en effet un paradis fiscal. Des milliers d’entreprises y siègent, profitant d’un régime fiscal très favorable.
Référendum
Du côté des habitants de Gibraltar, la cause est entendue. La plupart veulent rester sous la coupe britannique. Pour tenter de résoudre définitivement le contentieux, le gouvernement ibérique souhaiterait saisir les instances internationales comme l’ONU, le Conseil de sécurité, l’Assemblée des Nations unies ou la Cour internationale de Justice de La Haye. Pas sûr que les habitants de Gibraltar apprécieraient un éventuel retour sous la bannière espagnole. Lors d’un référendum organisé en 2002, 99% des habitants avaient souhaité demeurer dans le giron Britannique. Tout un symbole.