Romain Girbal est un entrepreneur français, président et co-fondateur de l’Alliance Minière Responsable (AMR), une jeune société spécialisée dans le développement de projets miniers responsables (socialement et écologiquement) sur le continent africain, et notamment en Guinée où AMR détient déjà un premier gisement de bauxite. Passionné par cette aventure et par son nouveau quotidien, Romain Girbal nous a livré son analyse sur le secteur de la mine en Afrique et le marché très spécifique de la bauxite, tout en revenant avec nous sur les ambitions d’Alliance Minière Responsable (AMR).
Romain Girbal, des bureaux de la City londonienne aux gisements miniers africains
Romain Girbal, c’est d’abord une trajectoire professionnelle « étonnante » : diplômé d’HEC Paris en 2007, après des études à l’Université Paris X Nanterre (droit des affaires) et à l’Université Carols III de Madrid (commerce international), ce jeune français semble avoir devant lui une carrière toute tracée lorsqu’il décide de s’installer à Londres pour travailler. Entre 2007 et 2008, Romain Girbal sera ainsi consultant junior en financement structuré (acquisitions et projets de financement) chez Glencore UK Ltd, avec un focus particulier sur l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique latine. Une première expérience réussie : « Glencore est le géant mondial du négoce et du courtage des matières premières, un acteur incontournable sur ce marché stratégique. Y travailler m’a permis de me familiariser avec ce secteur et d’intégrer rapidement ses codes, ses problématiques et ses perspectives d’avenir ». Des enseignements qui lui ont probablement servis au moment se lancer dans l’aventure Alliance Minière Responsable (AMR).
En 2008, Romain Girbal quitte pourtant Glencore pour devenir directeur du département juridique de la société britannique Harvest Energy (groupe State Oil), spécialisée dans la distribution de carburants dans plusieurs pays d’Europe. Dans ces nouvelles fonctions, il gère alors quotidiennement la négociation et la rédaction de nouveaux contrats. « Je me suis alors rendu que j’avais plus un esprit d’entrepreneur que de salarié, et j’ai voulu tenter l’aventure africaine », affirme sans détour ce français expatrié, qui se lance à son compte en s’associant avec Thibault Launay, un ami qu’il a connu à Londres.
Ensemble, dès 2012, les deux jeunes patrons fondent Adventure Capital Corporation, une société de capital-risque et de conseil en investissements financiers, spécialisée dans les projets miniers, pétroliers et gaziers – principalement en Afrique. Des premiers pas qui préfigurent la création d’Alliance Minière Responsable (AMR), en juillet 2015 : cette fois, l’objectif de Romain Girbal et de Thibault Launay est de développer des projets miniers de façon responsable (aussi bien socialement qu’écologiquement) sur le continent africain. Une vision particulièrement novatrice et ambitieuse, qui prend forme en Guinée.
Alliance Minière Responsable (AMR) : un projet novateur et ambitieux, qui fait déjà parler de lui à l’international
« Avec Alliance Minière Responsable, nous avons envie de montrer qu’on peut faire de la mine différemment » déclarait Romain Girbal en février 2016, interrogé sur la philosophie d’Alliance Minière Responsable (AMR) sur le plateau de BFM Business. Presqu’un credo pour les deux jeunes entrepreneurs français qui se sont installés en Guinée pour se lancer dans l’exploitation minière, persuadés de l’énorme potentiel de ce pays émergent. Alliance Minière Responsable (AMR) est ainsi titulaire d’un permis d’exploration de bauxite à Boké, dans le nord-ouest du pays.
Mais l’objectif de Romain Girbal et de Thibault Launay n’est pas seulement de s’imposer dans le secteur minier, sur la scène africaine. Particulièrement novateur et ambitieux, le projet d’Alliance Minière Responsable (AMR) va en effet plus loin : « faire de la mine socialement responsable » comme s’en étonnait Stéphane Soumier, sur le plateau de BFM Business. C’est-à-dire ?
« On essaie de fixer de nouveaux standards dans l’industrie minière, d’abord en Guinée où nous débutons notre activité. Nous avons ainsi signé des accords de partenariat avec l’École des Mines de Boké et avec le Centre de Formation Professionnelle de Boké [préfecture dans laquelle AMR va mener ses activités minières], pour que nos ingénieurs miniers et nos géologues donnent des cours gratuitement dans ces deux écoles » explique Romain Girbal, réellement motivé à l’idée de faire bouger les lignes dans un secteur économique qui véhicule souvent de nombreux clichés négatifs. « L’Etat guinéen exige que nous travaillions dans des conditions socialement responsables et durables, mais nous nous forçons à fixer des conditions encore plus élevées. La mine, ce n’est pas seulement de l’exploitation, ce n’est pas seulement détruire… c’est aussi pouvoir se mettre d’accord avec les communautés locales, pour instaurer un partenariat gagnant-gagnant ».
La vision d’Alliance Minière Responsable (AMR) pourrait donc se résumer en quelques points forts : respecter des normes sociales élevées, respecter de normes environnementales élevées, favoriser l’emploi local au maximum, former des ingénieurs et des travailleurs locaux via des partenariats. Pas que des mots, comme s’en félicite ouvertement Romain Girbal : « Pour nous c’est obligatoire. Concernant l’emploi par exemple, pour le moment nous ne sommes qu’une petite équipe en Guinée mais sur 21 personnes, nous comptons 18 Guinéens ».
Une exigence et un projet qui ont visiblement séduit au-delà du cadre guinéen : en janvier 2016, Xavier Niel, le célèbre milliardaire et patron français de Free, a choisi d’entrer au capital d’Alliance Minière Responsable (AMR) via son holding personnel NJJ Capital. Un sacré coup publicitaire pour la jeune entreprise minière. D’autres parrains, investisseurs et partenaires de renom ont également rejoint l’aventure : Anne Lauvergeon, ex-PDG d’Areva ; Edouard Louis-Dreyfus, président du groupe Louis Dreyfus Armateurs ; Alain Mallart, président d’Energipole Group ou Daniel Lebard, président de ISPG. Sans oublier Arnaud Montebourg, l’ancien ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, qui a fait jouer son réseau pour soutenir le projet des jeunes entrepreneurs français. Le grand quotidien économique français Les Échos s’est d’ailleurs récemment fendu d’un article flatteur à ce sujet, intitulé « La start-up minière qui fait chavirer le Tout-Paris » ! Le dernier symbole médiatique de la réussite d’un projet qui semble maintenant bien en marche.
La bauxite, un minerai au cœur de la stratégie de développement d’Alliance Minière Responsable (AMR)
Au-delà des ambitions et de l’histoire de ce projet, Alliance Minière Responsable (AMR) représente aussi une orientation stratégique. Celle de se positionner sur l’exploitation de la bauxite, un minerai indispensable à la production d’aluminium, comme l’explique Romain Girbal : « La bauxite est vendue aux raffineries d’alumine, l’alumine étant ensuite vendu à des smelters d’aluminium pour faire de l’aluminium. Il faut à peu près 4 tonnes de bauxite pour produire 1 tonne d’aluminium ». Dans un contexte de mondialisation économique, où le développement de nouvelles économies émergentes comme la Chine a profondément bouleversé l’équilibre du marché, la bauxite est donc l’une des matières premières indispensables au bon fonctionnement de nombreuses industries ou secteurs d’activités stratégiques (aéronautique, transports, construction, etc.).
En 2010, la production mondiale de bauxite atteignait ainsi 211 millions de tonnes [source], les principaux producteurs de ce minerai étant l’Australie (33,2 %) devant la Chine (19,0 %), le Brésil (15,2 %), l’Inde (8,5 %) et la Guinée (8,2 %).
À elle seule, la Guinée abriterait 52% des ressources mondiales de bauxite, d’après le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), le service géologique national français. Un chiffre que Romain Girbal avance volontiers pour montrer tout le potentiel de l’activité d’Alliance Minière Responsable (AMR) dans ce pays d’Afrique de l’Ouest en plein développement.
« Nous sommes pour le moment uniquement implantés dans la préfecture de Boké, qui est véritablement le centre mondial de la bauxite, où tout est censé se passer pour ce minerai stratégique dans le futur car c’est là qu’on trouve la meilleure bauxite au monde. Les grands groupes du secteur minier s’y installe d’ailleurs de plus en plus. »
C’est en effet dans la préfecture de Boké, au nord-ouest du pays, qu’Alliance Minière Responsable (AMR) a obtenu un permis de recherche de 295 km2 – la prospection est en cours et l’exploitation devrait bientôt commencer. Pour ce gisement, le potentiel géologique est estimé à 650 millions de tonnes de bauxite d’une très bonne qualité.
Et Romain Girbal de conclure : « Je pense que nous sommes arrivés au bon moment en Guinée, en nous positionnant sur un permis de bauxite très prometteur. C’est comme ça que nous avons pu développer Alliance Minière Responsable (AMR) et arriver jusqu’ici… »
Une belle aventure ok, mais en Guinée pour le moment. Voir si cette entreprise AMR se tient à cette bonne politique de co-developpement et étend ses activités à d’autres pays d’Afrique !