Le plastique en Afrique, pas vraiment fantastique !

Auteur 6 mai 2013 2
Le plastique en Afrique, pas vraiment fantastique !

Une des pollutions les plus visibles sur le continent Africain est celle occasionnée par les plastiques, notamment les sacs qu’on retrouve partout, le long des rues et des routes, dans les arbres, dans les océans, dans les rivières, les canaux, jusque dans l’alimentation des animaux. Depuis le sac plastique du marché aux sachets individuels (eau, semoule, café, thé, etc) en passant par les seaux et bassines, le plastique s’insinue partout, pollue tout au détriment de l’environnement, de la santé et du tourisme.

De nombreux pays Africains ont semblé prendre la mesure de cet enjeu économique, écologique et sanitaire en prenant des mesures d’interdiction du plastique, tant à l’importation que pour la fabrication et la distribution. Cette interdiction des plastiques est en train de se mondialiser, y compris sur le continent Africain.

Interdire les plastiques ou imposer les plastiques dits « bio-dégradables », la fausse bonne idée.

Tout comme la Mauritanie qui a interdit sur son territoire la fabrication et distribution des sachets plastiques appelés « zazou » au 1er janvier 2013 ou le Mali à la même période, le Cameroun a également interdit en février 2013 « la fabrication, la détention, la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basse densité, ainsi que les granulés servant à leur fabrication »

D’autres pays les avaient même précédé, comme le Rwanda en 2004, le Gabon, le Togo, la RDC, le Congo, le Ghana, l’Afrique du Sud, le Tchad ou encore le Maroc.

Le problème des plastiques ne pouvant malheureusement se résoudre par sa seule interdiction sans autre solution de remplacement, certains pays ont donc imposé les plastiques dits « bio-dégradables » avec des conséquences parfois encore pire.

Actuellement, il est possible de rendre ces plastiques « bio-dégradables » par l’ajout d’additif chimique, Le problème de ces additifs est que si il rend effectivement le plastique « bio-dégradable » en trois ans, il le transforme surtout en micro particules impossibles à récupérer et à traiter, pâte molle toxique et durable, petits morceaux de plastique qui s’infiltrent partout, au travers des racines dess mangroves, dans les profondeurs des terres et des nappes phréatiques, aux fonds des océans, polluant au final davantage que des plastiques classiques que l’on peut au moins ramasser.

La corruption, ce frein à l’écologie

Le problème des plastiques sur le continent Africain est aussi aggravé par l’absence de législation, de contrôles, de sanctions mais aussi par la corruption endémique qui règne majoritairement. Ainsi peut-on voir certaines industries plastiques contourner les maigres législations en place en mettant sur le marché des sacs plastiques ordinaires sur lesquels il aura été simplement apposé le logo «recyclable » et le tour est joué.

La solution des taxes perçues par certains gouvernements aussi bien à l’entrée des plastiques sur leur sol, que sur les sacs plastiques fabriqués localement n’est pas toujours une meilleure solution. L’argent récupéré ainsi et supposé servir à la collecte ou aux traitements des déchets plastiques est rarement utilisé à cette fonction.

De plus, aussi bien les plastiques rendus « bio-dégradables » par l’ajout de cet additif, que les plastiques simplement estampillés comme tels, seront ensuite exportés dans les pays de la sous-région, continuant ainsi à polluer, tout cela derrière une façade vertueuse.

Si la solution, c’était le recyclage ?

Finalement, la solution réside peut-être davantage dans la collecte, le traitement et le recyclage des plastiques. Plutôt que de simplement les interdire sans pouvoir imposer de réels contrôles et solutions de remplacement (ce qui favorise la fraude, la corruption et le contournement de la loi), plutôt que de simplement taxer ceux-ci, certains opérateurs économiques et citoyens ont préféré mettre en place des solutions de recyclage. Cela présente le double intérêt du ramassage et du traitement des plastiques mais aussi de la création d’activités rémunératrices pour de nombreuses familles.

Au Mali par exemple, la société Dadhgroup fabrique des tubes et des bâches plastiques à partir de déchets plastiques collectés, faisant ainsi vivre des dizaines de familles maliennes. Toujours au Mali, Soungalo Sanogo a lui, mis en place une unité de fabrication de pavés plastiques, toujours à partir des déchets plastiques.

Au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali ou encore au Bénin, de plus en plus d’initiatives personnelles ou associatives voient le jour et apprennent aux femmes à recycler les sacs plastiques pour en faire d’autres objets ou tissus, à trouver d’autres solutions qui permettent non seulement la collecte mais aussi une seconde vie de ces matériaux.

Éduquer, sensibiliser, informer les populations

C’est le premier jalon vers une Afrique non plastifiée. La disparition du plastique des paysages africains ne pourra se faire sans une sensibilisation des africains eux-mêmes, qu’ils soient citadins ou ruraux. En brousse, il est encore fréquent de voir les déchets entassés et laissés à la merci des vents qui iront les disséminer dans la nature. Des champs entiers de plastiques, brûlés une ou deux fois l’an et parfois même financées par des ONG dont on peut s’interroger sur l’efficacité puisqu’elles sponsorisent avant tout l’entassement des déchets sans solutionner le problème.

En ville, les plastiques sont partout, on les jette dans la rue parce qu’il n’y a pas de poubelle mais aussi parce on ne connaît pas toujours les conséquences de ce geste.

On voit de plus en plus de campagnes de sensibilisation aux dégâts occasionnés par les plastiques, à Dakar, à Bamako à Cotonou ou ailleurs. L’écologie, le respect de son environnement, comme pour tout, cela s’apprend aussi

2 commentaires »

  1. H2oGabon 16 juillet 2013 at 17 h 50 min - Reply

    Bonjour,

    Nous avons rédigé différents articles sur notre blog sur la problématique des sacs biodégradables et compostables versus les sacs oxo (bio) dégradables qui se développent en Afrique.
    Nous venons de republier un texte à un candide au pays du plastique au Togo, client d’un fabricant d’adjuvants aux plastiques traditionnels.
    Il faut savoir que la pollution par les plastiques est un problème bien plus important en Afrique qu’en Europe, en raison de l’absence d’une gestion rationnelle et régulière des déchets.
    En Afrique, le passage des sacs plastiques aux sacs biodégradables et compostables (sans passer par la case oxo (bio) dégradable) est donc une nécessité absolue.
    La première étape se met en place dans la majeure partie des pays : celle de l’interdiction pure et simple des sacs plastiques en PE.
    Et les fabricants d’adjuvants Oxo sont bien entendu à l’affut pour proposer leur procédé miraculeux.
    http://h2ogabon.blogspot.fr/2013/06/droit-de-reponse-monsieur-donald-sodji.html

    h2ogabon@yahoo.fr
    http://www.h2ogabon.blogspot.com

    H2o Gabon est une ONG pour la protection de la Nature et de l’Environnement.
    Nous sommes présents au Gabon, Congo, Cameroun, Mauritanie.

  2. Johne279 11 juin 2014 at 3 h 34 min - Reply

    Great, thanks for sharing this blog.Really thank you! adfcgaeddcdb

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