Le 25 février 2020, le magazine tunisien Le Manager organisait sa cérémonie annuelle de remises des trophées des femmes entrepreneures. Cérémonie à l’issue de laquelle Fatma Samet a été reconnue comme l’entrepreneure de l’année 2020. Une bonne occasion pour certains, de découvrir son travail et sa personnalité.
La cérémonie se déroulait à l’hôtel Laico de Tunis, et devant des invités de marque. En effet, parmi le public se trouvait par exemple René Trabelsi, le ministre du Tourisme et de l’Artisanat tunisien, ou encore Slim Fériani, ministre de l’Industrie et des PME. Mais aussi Hatem Ben Salem, le ministre de l’Éducation nationale chargé de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, ainsi que Saida Lounissi, la députée et ancienne ministre de l’Emploi.
Comme chaque année, c’est l’occasion pour Le Manager de saluer et de soutenir l’entrepreneuriat féminin en Tunisie, en partenariat avec la fondation Friedrich Naumann pour la Liberté. Parmi les sept talentueuses femmes récompensées lors de cette soirée, Fatma Samet s’illustre doublement, puisqu’elle est désormais lauréate de la catégorie Artisanat, en plus d’être saluée comme l’entrepreneure de l’année 2020.
Une femme d’exception
Fatma Samet, c’est avant tout une tisserande. Une artiste autant qu’une formatrice qui tisse continuellement sa toile entre Tunis et son archipel natal de Kerkennah. Un petit coin de paradis méconnu mais dont Fatma a su mettre en lumière tout le savoir-faire artisanal. Son entreprise, logiquement baptisée Kerkenatiss est vite devenue une véritable institution en matière de tissage, de broderie et de vannerie. D’abord des tapis à la création originale, la marque s’est ensuite développée dans le linge de table ou de maison, puis des vêtements faits main et en fibres 100 % naturelles.
Protectrice bienveillante de l’art et de la tradition insulaire, Kerkenatiss veut également assurer une production artisanale éco-compatible en équilibre avec son environnement.
Pour ce qui est de sa créatrice, Fatma Samet est immanquablement évoquée comme une femme chaleureuse, joviale, et d’un dynamisme contagieux. Constamment en déplacement, Fatma est de tous les salons de création.
Par son activité (et son activisme), elle permet à une cinquantaine de femmes de Kerkennah de travailler tout en préservant les techniques de broderie typique de l’île. Aujourd’hui, c’est à travers toute la Tunisie que Kerkenatiss rime avec les îles, et contribue à leur renaissance autant économique que culturelle.
La suite pour Fatma Samet?
Désormais auréolée d’une nouvelle ligne prestigieuse à son curriculum, Mme Samet n’est pourtant pas du genre à se reposer sur ses lauriers. Le regard vers l’avant, elle travaille déjà sur le futur. Car si elle a permis à Kerkennah de retrouver ses lettres de noblesse en matière d’artisanat, ce n’est pas pour ensuite l’isoler.
Elle estime ainsi que le savoir-faire rural et ancestral s’est largement perdu au milieu au milieu du XXe siècle, avec l’invasion des couleurs chimiques. Cependant, plutôt que d’ériger une frontière entre les techniques traditionnelles et modernes, Fatma Samet cherche à combler cette défaillance en croisant les deux compétences via une refonte du système de formation. Pour elle, les tisserands doivent aussi être capables de se lier les uns aux autres pour enrichir leur travail respectif.
Tisser du lien social, tout simplement.
sources des photos: Twitter / Pinterest / 1001tunisie.com