Pays où l’accès à l’internet est le plus cher d’Afrique, le Tchad voit depuis quelques années grandir une initiative afin de réduire la fracture numérique : Wenaklabs. Cette pépinière fondée à N’Djamena par de jeunes passionnés de technologie et d’informatique est devenu le premier hub technologique du pays.
« Où es-tu ? » C’est la question que se sont posés quelques passionnés de technologie en 2014 au Tchad. L’interlocuteur désigné, leur pays, classé parmi les derniers de l’échiquier mondial en termes de technologies liées à l’information et à la communication. « Où es-tu ? », se traduit en arabe tchadien par « wenak ». Lorsque ces jeunes férus d’informatique décident de lancer ce qui deviendra le premier hub technologique du Tchad au sein de N’Djamena, la capitale, le nom leur vient naturellement : ce sera « Wenaklabs ». Un lab qui veut réduire la fracture numérique et inciter les initiatives sur la thématique de la technologie au sein de leur pays.
Le Wenaklabs ouvre ses portes en avril 2014, se voulant un lieu neutre et un laboratoire d’innovation. A la fois une pépinière, un incubateur, un espace de coworking ou encore un tech hub qui reposent sur les initiatives citoyennes autour de l’informatique et de la technologie. L’ambition de ses créateurs : penser, inventer, créer le futur !
Un prof d’informatique et un blogueur
Parmi les initiateurs du projet, Abdelsalam Safi, professeur d’informatique et Salim Azim Assani, blogueur qui ambitionne de créer un tiers-lieu pour rassembler. Avec d’autres passionnés de technologie, ils fondent un premier espace autonome afin d’établir un lieu de coworking et d’échanges sur la thématique de l’informatique et des communications.
Pour cela rien de mieux que le système D ! Ainsi pour équiper le lieu d’un maximum d’ordinateurs et d’écrans, ils utilisent les JerryCans, des ordinateurs conçus à base de bidons d’essence et de composants électroniques et informatiques recyclés. Des panneaux solaires et des batteries se chargent de créer de l’énergie afin d’alimenter le lieu qui reste toutefois à la merci d’une mauvaise connexion Internet qui se manifeste par de nombreuses coupures et une très grande lenteurmalgré le prix élevé des abonnements.
En se servant de leur lieu de base, les porteurs du Wenaklabs parviennent à se structurer et à développer leur objectif. Des associations se créent entre les participants et leur voix porte de plus en plus haut au point que les fondateurs parviennent à faire de ce lieu le premier hub technologique de leur pays. En se regroupant, les cofondateurs espèrent avoir plus de poids afin de rassembler autour de leur objectif commun qui est de donner plus d’accès à l’information à un peuple au taux d’alphabétisation encore faible (inférieur à 50 %).
De plus en plus d’événements voient le jour
Depuis sa création, Wenaklabs parvient à organiser des événements, à nouer des partenariats et à supporter des acteurs locaux qui souhaitent changer l’avenir. Parmi les initiatives marquantes, la semaine du numérique qui a désormais lieu chaque mois de novembre ou, depuis l’an dernier, la première rencontre sahélienne du numérique, organisée en décembre avec l’institut français au Tchad. Fin 2019, Wenaklabs a aidé à la mise en avant du travail des femmes à travers l’exposition Femmes digitales. En février dernier, le lab a accueilli la première édition de N’Djamena Géomatique qui a pu former une trentaine de jeunes Tchadiens aux métiers du traitement cartographique.
Autant d’événements qui prouvent à quel point le pari fou lancé par les jeunes passionnés d’informatique a fait du chemin en seulement six ans. Et si le « Où est-tu ? » n’a pas encore trouvé totalement sa réponse, les progrès réalisés donnent des motifs d’espoir légitimes aux fondateurs du lab.
Sources des photos : ablabs.io / Twitter / YouTube