L’Afrique de l’Est est une zone en effervescence économiquement et politiquement. Malgré sa relative instabilité, cette sous-région devient peu à peu le moteur économique du continent africain. En termes énergétique, le pétrole y coule à flot. Dans quelques années, le Kenya et l’Ouganda vont entrer dans le cercle des pays producteurs de pétrole.
Des taux de croissance ejoués
D’un côté, le Kenya. Un pays faisant figure de proue dans la sous-région et sur le continent africain. Le Kenya est la tête de file de l’organisation économique régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Cette dernière regroupe cinq pays de la sous-région (Kenya, Tanzanie, Burundi, Rwanda et Ouganda) en union douanière. Le Kenya est également un centre névralgique en termes d’infrastructures routières, maritimes et aéroportuaires pour l’ensemble de la région. Sur le plan économique, le Kenya est l’un des pays les plus avancés d’Afrique. Le PIB total s’est élevé en 2012 à 41,8 milliards de dollars. C’est presque 20 % du PIB total de l’Afrique de l’Est.
De l’autre, l’Ouganda. Un pays enclavé d’Afrique de l’Est. L’Ouganda n’affiche pas les mêmes performances économiques que son voisin kenyan. Vingt ans de guerre civile ont fini par réduire à néant l’économie du pays. Cependant, la reconstruction est en cours et le pays affiche un taux de croissance stable mesuré en moyenne à 6% par an. L’Ouganda tire avantage de ses ressources naturelles importantes : sols fertiles, des pluies régulières et d’importants gisements miniers de cuivre et de cobalt. La croissance du PIB par habitant est également stable. Mais de grandes inégalités subsistent, tout comme au Kenya d’ailleurs.
Potentiel pétrolier
La proximité géographique est donc un atout dans la relation qu’entretiennent l’Ouganda et le Kenya. Les deux pays affichent une même ambition dans le volet pétrolier. Le Kenya et l’Ouganda sont, en effet, deux puissances pétrolières africaines en devenir. La découverte du pétrole dans ces deux pays est pourtant récente. Des gisements pétroliers ont été découverts en 2006 en Ouganda. Chaque puits de prospection creusé par la compagnie britannique Tullow sur la rive occidentale du lac Albert a permis de trouver du pétrole en quantité commercialisable. Toutefois, la production ne devrait atteindre son plein régime qu’en 2016. Le Kenya a également découvert récemment des gisements d’or noir dans la vallée du Grand Rift. Les réserves sont prometteuses : les champs de pétrole pourraient alimenter en énergie le Kenya pendant à peu près 3 siècles. Les réserves sont estimées à 10 milliards de barils.
Avec l’exploitation de leurs réserves respectives, les deux Etats aspirent à obtenir de nouvelles places importantes dans le domaine du pétrole en Afrique. Pour le Kenya, l’exploitation du pétrole pourrait asseoir sa domination économique sur la sous-région et le continent, en plus de son accession à l’indépendance énergétique. Pour l’Ouganda, elle permettra de diversifier son économie qui repose actuellement sur l’agriculture. Avec, à peu près, une réserve de brut de 3 milliards de barils, l’exploitation du pétrole ougandais s’étalera dans le temps.
La nécessité d’infrastructures
Néanmoins, l’un des points d’achoppement des projets d’exploitation pétrolière pour les deux pays réside dans le volet infrastructurel. Pour bénéficier pleinement des retombées de la manne pétrolière, la construction d’infrastructures est vitale. Que cela soit au Kenya ou en Ouganda, des efforts sont menés pour mettre en place de structures aux normes. Ainsi, l’Ouganda, qui affiche la volonté de raffiner sur place une partie de sa production de pétrole a lancé la construction d’une raffinerie ayant une capacité de raffinage de de 30 000 barils par jour dans un premier temps.
Mis à part les projets individuels, le Kenya et l’Ouganda, accompagnés par le Rwanda, ont décidé en juin dernier de mettre en commun leur effort afin d’instaurer une liaison par oléoduc et gazoduc. Le premier pipeline prolongera la liaison actuelle entre Mombasa (Kenya), Kampala (Ouganda) et Kigali (Rwanda). Le deuxième pipeline permettra l’acheminement du brut de Kampala à Lamu. Le projet est titanesque. Il est estimé à 302 millions de dollars. Cette liaison entre trois pays permettra de réduire le coût de transport et aura ainsi une incidence notable sur le prix des produits. Autre effet positif notable : la réduction des accidents liés au transport maritime. Actuellement, le pétrole est acheminé par voie maritime et par voie terrestre, avec tous les risques que cela suppose. L’effectivité de cette liaison tripartite est due au lien unissant ces trois pays regroupés au sein de l’EAC. Elle permettra d’alléger la facture énergétique pour les trois pays. La liaison sera également profitable pour le Sud-Soudan qui est confronté à des problèmes logistiques à cause de son voisin du nord. Dans le sillage de la mise en place du pipeline, un autre projet portant sur une liaison ferroviaire est en gestation.