Le 2 juin dernier Mohammed Sanusi Barkindo a été nommé secrétaire général de l’OPEP pour les trois prochaines années. En prenant ses fonctions le 1er aout il a ainsi succédé au Libyen Abdallah Al-Badri en poste depuis 2007 et qui avait dû prolonger son second mandat faute d’accord entre les membres de l’OPEP pour désigner son successeur. Ces derniers ce sont enfin mis d’accord pour donner les rênes à ce Nigérian de 57 ans. En ces périodes de crise pétrolière, les défis qui l’attendent sont de taille.
L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole ou OPEC en anglais pour Organization of Petroleum Exporting Countries) est une organisation intergouvernementale née à Bagdad le 14 septembre en 1960, à l’initiative du Venezuela. L’objectif initial d’un tel cartel est de coordonner les politiques pétrolières de ses États membres, de négocier avec les compagnies pétrolières la production de baril de pétrole et son cours. Comme le rappelle l’OPEP sur son site Internet, sa mission première est d’assurer la stabilisation des marchés pétroliers afin d’assurer un approvisionnement efficace, économique et régulier de pétrole pour les consommateurs, un revenu stable pour les producteurs et un rendement équitable sur le capital favorisant l’investissement dans l’industrie pétrolière.
Aujourd’hui l’organisation regroupe quatorze pays et représente pas moins de 72 % des réserves mondiales estimées de pétrole et 41 % de la production de pétrole (chiffre de 2014, connaissance des énergies). Elle joue donc un rôle important dans l’économie mondiale mais a du affronter quelques crises ces dernières années. La mission de Mohammed Barkindo sera donc ardue et vitale pour bien sur l’OPEP mais également pour l’économie et l’ordre mondiale.
Qui est Dr. Barkindo ?
Mais Barkindo n’est pas un inconnu et Khaled Al-Faleh, le ministre saoudien de l’Energie, s’est réjouie de l’élection du nouveau secrétaire général de l’OPEP qu’il estime « hautement qualifié et respecté ». De fait, le Nigérian Mohammed Barkindo a de nombreuses années d’expérience dans le secteur du pétrole et du gaz ainsi que dans le secteur bancaire et les sociétés commerciales internationales.
Il a commencé sa carrière en tant que membre de la délégation nigériane à l’OPEP en 1986. Il était alors le bras droit du ministre des Ressources pétrolières, le Dr. Rilwanu Lukman, qui fut ensuite lui même secrétaire générale de l’OPEP de janvier 1995 jusqu’à la fin de l’an 2000.
Entre 1993 et 2008, Barkindo a été le directeur général adjoint de la Nigerian Liquefied Natural Gas Company (NLNG), une joint-venture entre la compagnie nationale des hydrocarbures du Nigeria (la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC)), Shell Gas, Total et Eni. Il fut ensuite le directeur général de la NNPC de 2009 à 2010. Il eut également de nombreux postes au sein de NNPC : chef du bureau de la NNPC à Londres, directeur général de la division commerciale pour le pétrole et le gaz, directeur exécutif du groupe NNPC.
Barkindo connaît bien l’Organisation des pays exportateurs de pétrole puisqu’il fut le représentant national du Nigéria à l’OPEP entre 1993 et 2008. De plus, en 2006 il occupa déjà le poste de secrétaire général de l’OPEP mais en tant que suppléant. (Source : http://venturesafrica.com/here-is-why-nigerias-mohammed-barkindo-could-become-the-next-secretary-general-of-opec/ )
Le défi de l’unité pour l’OPEP
Les décisions à l’OPEP sont adoptées à l’unanimité des Etats membres. Dès lors, le rôle du secrétaire général est essentiellement celui de facilitateur cherchant à encourager les ententes et limiter les différences entre les membres hétéroclites de l’OPEP.
Le véritable challenge ici est justement les nombreux désaccords au sein du cartel. En effet, rien que pour trouver un nouveau secrétaire il aura fallu attendre quatre ans pour que les membres de l’OPEP s’entendent enfin sur le nom. Les tensions et divergences sont nombreuses au sein du cartel où des différences économiques, idéologiques et politiques de tailles existent entre ses membres, créant dissensions et rivalités.
C’est justement cette unité qui sera le défi à relever pour Barkindo. Ce dernier a été aussi choisi en ce sens. Les délégués de l’OPEP avaient en effet déjà mentionné avant le vote qu’il serait préférable que le secrétaire soit de nationalité nigérienne ou angolaise car ces pays sont neutres dans les désaccords géopolitiques du groupe.
Selon une dépêche du 2 juillet sur le site Internet de l’OPEP, le Roi Salman Bin Abdulaziz d’Arabie saoudite a reçu Mohammed Sanusi Barkindo et lui a assuré l’appui continu du royaume pour l’OPEP, son unité et son progrès. Lors de cette première visite officielle Barkindo a lui aussi rappelé l’importance de l’unanimité du cartel en particulier en cette période critique pour l’industrie pétrolière mondiale. Il a notamment souligné l’exemplaire unité qui fut celle de la Conférence de juin, à l’origine de sa nomination.