L’affaire Michel Thierry Atangana détériore les relations franco-camerounaises depuis 17 ans. La détention de Michel Thierry Atangana est un véritable ver dans la pomme du régime Biya.
Au fait de sa carrière en France, Thierry Atangana ne peut refuser l’appel de son pays d’origine, le Cameroun. Début des années 90, Yaoundé se débat dans de grandes difficultés économiques et a besoin de cet enfant du pays, naturalisé français, qui a fait sa carrière en France dans le domaine financier. En 1994, le président camerounais Paul Biya place Thierry Atangana à la tête du Comité de Pilotage et de Suivi des axes routiers Yaoundé-Kribi et Ayos-Bertoua (COPISUPR). Le financier met son expertise au service du Cameroun. L’entente ne va pas durer longtemps.
Un acte de défiance
Thierry Atangana met en place un plan de financement de l’ordre de 510 millions d’euros. Le COPISUPR, placé sous la tutelle du Secrétariat Général de la Présidence de la République, a pour mission de concevoir des projets et de coordonner les études y afférentes. Il vise également à sélectionner les entreprises susceptibles de participer à l’exécution des projets. Bref, un poste taillé à la mesure de Thierry Atangana qui a une forte expérience dans ces domaines.
Mais la lune de miel entre le technicien et les tenants du pouvoir camerounais est de courte durée. En effet, Michel Thierry Atangana est un proche de Titus Edzoa, ancien Secrétaire Général à la Présidence de la République et ancien Ministre de la Santé Publique. Titus Edzoa annonce sa candidature à l’élection présidentielle en 1997 et Thierry Atangana lui accorde son soutien. C’est un candidat sérieux qui, au vu de son parcours, a des chances d’accéder au poste suprême. Ce qui n’est pas du tout du goût de Paul Biya, alors au pouvoir, qui voit en ce soutien un acte de défiance.
Arrêté pour grand banditisme
Michel Thierry Atangana est arrêté le 12 mai 1997 à Yaoundé pour « grand banditisme ». Son ami Titus Edzoa ne sera pas non plus épargné. Le 3 octobre 1997, à l’issue d’un procès expéditif, ils sont condamnés à quinze années de prison. Michel Thierry Atangana est accusé de « détournement de deniers publics, tentative de détournement et trafic d’influence en coaction ». En coulisse, le bruit court que Michel Thierry Atangana doit son arrestation et sa condamnation aux liens étroits qu’il entretient avec Titus Edzoa.
Le 23 octobre 2008, Pascal Magnaguemabe, juge d’instruction, prononce une ordonnance de non-lieu sur toutes les charges qui pesaient sur Michel Thierry Atangana, sans qu’il ne soit libéré pour autant.
En février 2009, Michel Thierry Atangana sera de nouveau jugé devant le Tribunal de Grande Instance, ce qui prélude à de nouvelles années de détention.
Suite aux pourvois formés par ses avocats, Michel Thierry Atangana attend la décision de la Cour Suprême camerounaise qui décidera de son sort.
Soutien international
Parallèlement aux actions de ses proches, d’éminentes figures de la scène internationale ont apporté leur soutien au technicien franco-camerounais. A l’instar de Jack Lang, l’ancien ministre de la culture ou même du pape François qui a personnellement interpellé le président camerounais Paul Biya. Détenu depuis 17 ans, Michel Thierry Atangana incarne malheureusement cette justice africaine à géométrie variable.