L’industrialisation, solution pour sauver l’Afrique ?

Auteur 18 décembre 2018 0
L’industrialisation, solution pour sauver l’Afrique ?

Le 20 novembre dernier, on célébrait à travers le monde la journée internationale pour l’industrialisation de l’Afrique. Une date symbolique qui rappelle à chaque fois que le continent africain a pour l’instant manqué le train de l’industrialisation mais qu’il n’est pas trop tard pour le rattraper… même s’il ne faut pas traîner !

En effet, pendant que de nombreux pays en voie de développement en Amérique du Sud ou en Asie se sont industrialisés à grande vitesse, ceux du continent africain sont restés à la traîne. L’Afrique sub-saharienne, par exemple, est la région la moins industrialisée de la planète (seulement 1,6 % de la part de la valeur ajoutée manufacturière mondiale), seule l’Afrique du Sud étant industrialisée.

Malgré des disparités notables en matière de progrès socio-économiques à l’échelle du continent, les taux de croissance positifs affichés masquent généralement la stagnation des infrastructures. Tandis que chaque année douze millions de jeunes arrivent sur le marché du travail en Afrique, les 54 pays qui composent le continent peinent à leur offrir un emploi.

Des défis socio-économiques majeurs

Proposer du travail à ces jeunes, endiguer le flux migratoire vers l’Europe, aider les femmes à tendre vers l’autonomie et donc trouver des outils pour atteindre une croissance durable sont les défis majeurs de société qui attendent le continent africain pour les prochaines années.

De grosses sommes d’argent ont été investies lors des dernières décennies mais cela ne s’est pas traduit par un décollage industriel comme espéré. Les investissements opérés pour améliorer les routes, créer des voies ferrées ou aménager les réseaux de transport d’énergie n’ont pas été suffisants pour doter les pays africains d’outils industriels sur lesquels s’appuyer. La corruption opérée par certains gouvernements qui ont engendré de l’enrichissement personnel en s’accaparant une partie des aides internationales n’a pas non plus aidé. Dans tous les cas, le manque global d’accompagnement et de stratégie claire n’a pas permis aux Etats africains de se développer.

Trois piliers de développement

L’essor africain viendra de la capacité de ses pays à faire évoluer profondément leur secteur manufacturier et à développer leurs ressources nationales dans les secteurs forts, la matière première. Il est vrai qu’il est rageant d’observer le cours des noix de cajou qui sont produites et cultivées en Côte d’Ivoire pour 1,60 € le kilo puis vendues 15 € le kilo en Europe après avoir été transformées en Inde. Un autre exemple frappant est celui du cacao : 40 % de la production mondiale provient de la Côte d’Ivoire qui ne transforme pourtant que 5 % de sa production. Lorsque les pays africains réussiront à maîtriser les flux de leur production en parvenant eux-mêmes à les valoriser, on pourra estimer qu’ils seront sur la voie de l’industrialisation.

On note pour atteindre ce cap trois piliers de développement : connecter les entreprises à leurs marchés, miser sur le développement d’infrastructures régionales (et ne plus privilégier les immenses chantiers déraisonnables) et encourager la formalisation de l’économie particulièrement dans le secteur agricole où l’enjeu du changement climatique doit conduire à une révolution des mécanismes de production.

Des initiatives encore trop isolées

L’ONU compte sur son plan IDDA III (3e décennie pour le développement industriel de l’Afrique) en vigueur sur la période 2016-2025 pour accompagner les gouvernements dans cette indispensable transition industrielle. Des agences de promotion des investissements existent afin d’attirer des investisseurs et de mettre en réseau les bonnes personnes aux bons endroits en insistant sur l’importance des filières locales.

Les difficultés à fédérer et à mettre en place des projets communs freinent aujourd’hui les bonnes volontés même si on voit émerger à travers tout le continent des initiatives individuelles porteuses d’espoirs. On peut citer parmi elles le Woelab de Lomé qui regroupe des start-up pour penser la ville de demain ou encore le groupement de chocolatiers ivoiriens à travers « L’instant chocolat » qui permet de faire du cacao 100 % made in Côte d’Ivoire produit par des femmes en milieu rural.

Des exemples qui poussent certains experts à penser que la clé du décollage africain sera d’arriver à mettre tout le monde en réseau.

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