Le 28 novembre dernier, Willy Nyamitwe, responsable de la communication présidentielle du Burundi, a échappé à une tentative d’assassinat. L’attaque, au cours de laquelle son garde du corps a été mortellement atteint, visait directement un symbole du pouvoir. Willy Nyamitwe et son frère aîné Alain-Aimé, ministre des Relations extérieures, sont devenus au fil des années des incontournables de l’équipe de Pierre Nkurunziza dont la présidence fait face à une grave crise politique ayant déjà coûté la vie à 500 personnes.
Issus de la majorité hutue du Burundi, Willy et Alain-Aimé Nyamitwe sont nés dans la province de Bujumbura, place forte du CNDD-FDD, parti de l’actuel président Nkurunziza dont ils sont tous les deux membres. Orphelins de père suite à répression sanglante de l’insurrection de 1972 contre le pouvoir tutsi de l’époque, les frères Nyamitwe ont grandi dans des conditions difficiles, leur famille ayant été chassée et privée de tous ses biens.
Deux parcours qui s’opposent
Dès ses 15 ans Willy Nyamitwe rejoint la guérilla hutue en adhérant au Palipehutu-FNL, une faction rebelle. Déçu par la stratégie de ses chefs, il quitte ensuite le mouvement pour suivre des études techniques. Il reprend les armes quelques années plus tard après l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu du Burundi et de six ministres. Par la suite, il poursuit son parcours au sein de la rébellion hutue et du CNDD-FDD.
Son frère aîné, Alain-Aimé préfère les études aux armes. Militant du parti hutu Frodebu, il est emprisonné après des accusations d’assassinat et échappe au massacre d’étudiants hutus de l’université du Burundi. Il prend ensuite la route de l’exil et poursuivi des études de journalisme en Belgique. À son retour, il rejoint le CNDD-FDD et devient ambassadeur du Burundi dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est.
Alain-Aimé et Willy Nyamitwe incontournables au Burundi
Aujourd’hui respectivement ministre des Relations extérieures et responsable de la communication présidentielle, Alain-Aimé et Willy Nyamitwe sont dans leurs rôles. Érudit, Alain-Aimé maîtrise l’art de la diplomatie et de l’écriture. Le cadet Willy est quant à lui autodidacte et touche-à-tout ; il dirige ses affaires et la radio du pouvoir. Les deux frères sont incontournables au Burundi et sont autant encensés par leurs partisans que méprisés par leurs opposants, ces derniers voyant en eux des individus manipulateurs.
Considérés comme des bourreaux de travail, les frères Nyamitwe s’activent à redorer l’image d’un régime souvent accusé de graves violations des droits de l’homme. Ainsi en septembre dernier, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies a pris une résolution condamnant les crimes perpétrés au Burundi. Le rapport des enquêteurs porte sur des violations et des abus commis entre le 15 avril 2015, et l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, le 30 juin 2016.
La parole d’un pouvoir replié sur lui-même
Les frères Nyamitwe et le gouvernement burundais doivent aujourd’hui faire face à une montée des tensions avec notamment le meurtre d’Emmanuel Niyonkuru, ministre de l’Environnement, au début du mois de janvier. Un mois après l’attaque envers Willy Nyamitwe, cet assassinat aux motivations encore inconnues réveille le spectre de la guerre civile. Si les deux frères minimisent l’influence qu’on leur porte, ils sont de toute évidence la voix d’une présidence burundaise repliée sur elle-même tant sur le plan intérieur qu’au niveau international.