Depuis les accords signés en 2000 entre 40 pays africains et la Chine, le volume d’échanges commerciaux entre leurs continents connait un essor notable. Le centre de Recherche « Center for Global Development » estime que la Chine aurait investi, sur la période 2000 – 2013, 75 milliards de dollars en Afrique, contre 90 milliards pour les Etats-Unis .
Structure des investissements chinois
Les principaux secteurs investis par les Chinois sont la construction, les transports, l’énergie, l’éducation et la santé. L’assistance chinoise est principalement composée d’IDE (Investissements Directs à l’Etranger) plus que de « l’aide » au sens usuel (un don, ou un prêt à taux avantageux).
L’assistance chinoise, sous forme d’investissements ou de prêt, n’est conditionnée que par un seul critère : le pays receveur doit adopter l’idée de « la Chine Unique » c’est-à-dire nier l’indépendance de Taiwan, île que la Chine revendique. Les pays africains dans lequel la Chine a le plus investi sur la période 2000-2013 sont le Ghana, le Nigéria et le Soudan, pour respectivement 11, 8 et 5 milliards de dollars.
Investissements et préjugés
En Occident, où la Chine est perçue comme une puissance concurrente, deux types d’arguments critiquent les investissements chinois en Afrique :
– L’Empire du Milieu pratiquerait une forme de néo colonialisme en vampirisant les ressources premières du continent africain.
– Ses investissements, non conditionnés à la bonne pratique du pouvoir dans le pays receveur, mineraient les efforts de l’Occident en faveur de la bonne gouvernance et du combat contre la corruption CERI.
La prédation de la Chine sur les ressources africaines – fantasme ou réalité
Comme les pays coloniaux auparavant, la Chine importe les ressources naturelles de l’Afrique (pétrole, produits alimentaires, minerais…) et y exporte ses produits manufacturés. Malgré leurs indépendances et les transformations de la mondialisation, les pays africains pourraient donc être encore une fois perdants au jeu du commerce mondialisé, sauf s’ils arrivent à profiter de leur situation a priori défavorable.
Ensuite la Chine se servirait des pays africains pour exporter une main d’œuvre trop nombreuse et éviter d’embaucher les locaux dans leur projet, et ne distribueraient donc pas la richesse produite. Si effectivement les compagnies chinoises embauchent aux postes de responsabilité peu de locaux, c’est surtout, selon les autorités chinoises, en raison du manque de formation .
Un préjugé relativement ancré porte l’accaparement des ressources agricoles de l’Afrique par la Chine. Cette spoliation des ressources agraires parait d’autant plus injuste et inhumaine qu’on ne connait souvent de l’Afrique que les images des famines. Les études jointes de l’AFD (Agence Française de Développement) et de la CIRAD (Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement) confirment cependant que les investissements chinois dans le secteur sont surtout destinés au marché local et non au marché chinois.
Des investissements contre la démocratie ?
Les observateurs occidentaux, médias comme politiques, jugent l’investissement chinois contraire aux efforts démocratiques et sociaux soutenus par les pays occidentaux. En général, leur aide est en effet soumise à des conditions : les pays aidés doivent garantir la transparence de leur résultat, faire des efforts pour la démocratie ou l’éducation, permettre la présence en leur sein « d’experts » internationaux.
Ça n’est pas le cas de la Chine, qui aide et prête même aux « Etats voyous », comme en 2004 ou l’Angola avait obtenu une ligne de crédit de 2 milliards de dollars de la Chine . La Chine ne se préoccupe pas des affaires intérieures et ne prétend pas leur donner de leçons politiques (seulement économiques). De fait l’aide chinoise est mieux reçue que l’aide des Etats Unis, selon une étude de Pew Reserche Center .
En fait, la comparaison entre la situation des années 1990 et 2000 ne montrent pas une aggravation des indicateurs de bonne gestion, de gouvernance, de transparence et de corruption en Afrique, bien que la présence chinoise se soit accrue. Même les bailleurs occidentaux l’admettent : l’efficacité des aides chinoises oblige les bailleurs à revoir leur propre politique et à réformer leur pratique.
De nombreux écrivains spéculent sur le néo colonialisme économique chinois, qui serait empreint d’hypocrisie . Pourtant les échecs répétés de l’aide occidentale depuis les années 1970, les crises de dettes, le caractère douteux des leçons de morale émises par les pays occidentaux plaident plutôt en faveur des investissements chinois pour faciliter le développement global de l’Afrique. Reste à espérer que la pratique démocratique suivra !