En adoptant officiellement les recommandations de l’UNESCO sur l’éthique de l’intelligence artificielle, le Maroc est devenu un pionnier des questions sociales relatives à l’IA.
En novembre 2021, à Paris, se tenait une conférence générale de l’UNESCO afin de déterminer les futures directives pour un développement et une utilisation éthique de l’intelligence artificielle. Un accord historique est alors accepté et signé par l’intégralité des 193 pays membres des Nations unies pour l’Éducation, la Science et la Culture. Mais seul le Maroc l’a officiellement instauré dans sa nouvelle politique de développement du pays.
L’IA : une technologie à cadrer
Dans un monde où la course à la technologie avance à un rythme effréné, l’Intelligence Artificielle (IA) entraîne son lot de fantasmes, d’interrogations mais aussi de craintes. Éducation, santé, mobilité, défense, environnement… Les applications de l’IA apparaissent sans fin. À n’en pas douter, son développement et l’utilisation massive qui lui sont prédits auront donc un impact significatif, pour ne pas dire révolutionnaire, sur nos modes de vie. Comment s’assurer alors que cet impact soit positif ?
En effet, l’une des principales problématiques liées à l’Intelligence Artificielle tient à l’exacerbation de maux déjà bien ancrés dans nos sociétés. Les inégalités, basées sur le genre ou l’ethnie par exemple, n’ont guère attendu l’Intelligence Artificielle pour se creuser à travers le monde. Et si ces biais se retrouvaient intégrés au sein des algorithmes définissant le « comportement » des IA, la fracture n’en deviendrait que plus profonde.
C’est pour éviter cette triste perspective que l’UNESCO, sous l’impulsion de la directrice générale Audrey Azoulay, a établi le cadre éthique pour l’utilisation de l’Intelligence Artificielle.
Quelles recommandations pour quels objectifs ?
En somme, l’UNESCO exhorte les pays membres à prendre position sur les questions d’écologie, de transparence et de protection des données. Dans le détail, la proposition comprend des chapitres centrés sur l’utilisation de l’IA dans les secteurs de la santé, de l’économie ou encore de l’éducation. Si l’intégralité du texte peut être consulté dans la bibliothèque numérique de l’UNESCO, les grandes lignes de la recommandation sont les suivantes :
- La protection des données : les États doivent pouvoir garantir le droit aux utilisateurs de pouvoir accéder, voire supprimer l’enregistrement de leurs données.
- L’interdiction de la notation sociale et de la surveillance de masse : alors que ces technologies sont déjà utilisées à travers le monde, elles sont largement considérées comme des atteintes aux droits de l’hommes et aux libertés fondamentales des individus.
- L’aide au suivi et à l’évaluation : les gouvernements devront mettre à disposition des entreprises des outils permettant d’évaluer l’impact de l’IA sur les individus, la société et l’environnement.
- La mise ne place d’une IA écologique : un État devra privilégier les méthodes économes en données, en énergie et en ressources pour faire de l’Intelligence Artificielle un outil dans la lutte contre le changement climatique.
Le Maroc, pionnier et exemple à suivre
Comme le nom l’indique, la recommandation n’est pas un engagement obligatoire, mais bien une ligne directrice que les pays membres de l’UNESCO peuvent volontairement choisir d’appliquer ou non. Cependant, alors que ces recommandations furent approuvées par la totalité des 193 pays, seul le Maroc semble pour le moment en avoir fait une priorité claire. C’est en tout cas ce qui fût annoncé à Rabat par l’actuel ministre de l’Éducation, Chakib Benmoussa, dans le cadre de la commémoration du 10ème anniversaire de l’inscription de la ville au patrimoine mondial.
Évidemment, la déclaration a été saluée par la Directrice Générale de l’UNESCO, qui s’est dite « disposée à être accompagner le Maroc dans cette dynamique ». Du côté du Royaume, le ministre Benmoussa a également annoncé la création d’une commission spécialement dédiée à la question de l’utilisation de l’IA.
Photos : unesco.org et ingenierie.ma