Suivant une farouche volonté gouvernementale, le Maroc attire les géants mondiaux du secteur aéronautique. Zoom sur un succès qui permet au pays de créer de plus en plus d’emplois et d’attirer de nouveaux investisseurs.
Le Maroc, le meilleur allié industriel de l’Europe ? C’est en tout cas l’ambition du Royaume qui plaide pour un pays fort sur le plan industriel afin de devenir un partenaire incontournable de l’Union Européenne. Aujourd’hui, le gouvernement, qui a lui-même investi dans des plateformes industrielles pour attirer les investisseurs nationaux et internationaux, s’appuie sur trois secteurs phares : l’électronique, l’automobile et l’aéronautique. Ce dernier est d’ailleurs en plein essor et contribue à créer de l’emploi et de la richesse.
Fin 2023, on compte 142 entreprises qui emploient plus de 20 000 salariés au Maroc. Le chiffre d’affaires à l’export a dépassé les 2 milliards d’euros en 2022 et la croissance du secteur est de plus de 10 % depuis 2014. Aussi, il est intéressant de noter que l’aéronautique est devenu un symbole de l’inclusion des femmes au travail dans un pays d’ordinaire conservateur et patriarcal.
« Le Maroc, élément stratégique pour Safran »
Pourquoi un tel succès de l’aéronautique ? Déjà, la volonté gouvernementale est au cœur de la stratégie : elle oriente les décisions de manière à faire du Maroc un acteur fort du secteur aéronautique mondial. Le DG de Safran, Olivier Andriès, le reconnaît, alors que son groupe vient de signer un partenariat avec le gouvernement : « Le Maroc est un élément stratégique pour Safran. »
Les raisons qui attirent les grosses entreprises internationales sont multiples. Citons déjà les faibles coûts de production mais aussi l’efficacité opérationnelle, grâce à un bon transfert de technologies. Le soutien fort du gouvernement, incitatif, est un argument de poids pour les grands groupes aéronautiques qui se savent écoutés et soutenus. Enfin, la situation géographique est idéale : proximité avec l’Europe occidentale mais aussi à l’entrée de la Méditerranée et de l’Atlantique.
Ne pas être qu’un pays « tournevis »
Si l’affaire est bonne pour les groupes internationaux et si le Maroc se satisfait de la création d’emplois et de richesses, il existe également une volonté collective de surfer sur cette vague pour développer plus largement le pays. Les professionnels du secteur aéronautique du Maroc parlent d’une même voix au sein du groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS). Ils souhaitent un plan d’avenir et ne veulent pas que leur pays soit simplement considéré comme un hangar muni de tournevis. L’objectif est de pouvoir construire de A à Z les éléments constitutifs d’un avion. Le Maroc ambitionne par ailleurs de devenir un leader de la maintenance et ne pas se concentrer uniquement sur la construction d’équipement.
D’autres défis attendent maintenant l’industrie aéronautique au Maroc. Le salaire moyen des techniciens, autour de 460 euros maximum, constitue autant un atout qu’un obstacle. Certes, la main-d’œuvre est bon marché pour les entreprises étrangères mais les meilleurs éléments sont désormais débauchés par des entreprises étrangères, engendrant ainsi une inéluctable fuite des cerveaux, à la recherche de paies plus en adéquation avec leur talent.
D’autre part, le Maroc va devoir s’adapter en matière d’environnement et répondre aux enjeux de la décarbonisation du secteur aéronautique en suivant les nouvelles règlementations. Un autre souci concerne le développement des PME ou TPE marocaines sous-traitantes, qui manquent encore de moyens pour s’adapter aux exigences technologiques et digitales des grands groupes. En dépit d’un réel engouement et de chiffres prometteurs, le chemin est encore long pour le Maroc avant de devenir un leader mondial de l’aéronautique. Mais la stratégie pour avancer semble bien être la bonne.
Photos sources : reuters et lavieeco.com