50 000. Ce serait le nombre de chinois qui ont exercé légalement ou illégalement au Ghana dans l’exploitation de l’or depuis 7 ans. Un chiffre qui n’est pas si étonnant au vu de la richesse du sous-sol ghanéen. En effet, en plus de ses richesses pétrolifères, le Ghana est principalement réputé pour l’abondance de ses minerais comme l’or, l’argent et le manganèse.
Exploitation illicite
De telles richesses, surtout dans le domaine aurifère, suscitent la convoitise des autres pays. Rien que dans la filière or, le Ghana en est le deuxième producteur à l’échelle mondiale, derrière l’Afrique du Sud. Les gisements sont répartis à travers les quatre coins du pays. Ils incitent de nombreux exploitants à venir y tenter leur chance, de manière licite ou illicite. Pour les autorités ghanéennes, l’exploitation illicite des richesses aurifères est un véritable casse-tête et un fléau qui mine l’économie et l’écologie du pays.
La législation ghanéenne est pourtant très explicite : « l’extraction minière artisanale à petite échelle est réservée exclusivement aux Ghanéens ». Pourtant, les exploitants illicites font fi de cette disposition légale. En plus du manque à gagner qu’elles occasionnent pour les caisses de l’Etat, les exploitations clandestines occasionnent des dégâts importants sur l’environnement. La pollution des nappes phréatiques, les destructions aveugles d’exploitations agricoles et de points d’eau qui servent à alimenter de nombreux Ghanéens sont monnaie courante dans les zones d’exploitation artisanale aurifère.
Ruée chinoise vers l’or ghanéen
Les exploitants clandestins chinois sont particulièrement dans la ligne de mire des autorités ghanéennes. Début juin dernier, 124 mineurs chinois présumés clandestins ont été arrêtés. C’est un coup de semonce envoyé par les services d’immigrations ghanéens à l’encontre de ces clandestins, pour la plupart originaire de la province de Guangxi, l’une des zones les moins dynamiques de la Chine. Cette opération coup de poing est également un message clair envoyé à la diplomatie chinoise par l’Etat ghanéen.
Cet exode chinois, auquel l’Etat ghanéen tente de mettre fin, est un phénomène récent ayant comme toile de fond la flambée du cours de l’or à l’international. Depuis 2005 environ, un fort contingent de ressortissants chinois a pris d’assaut les zones aurifères ghanéennes pour s’y implanter afin de profiter de cette manne économique. En 2006 notamment, une « ruée vers l’or » avait impliqué environ 12 000 personnes originaires du district de Shanglin, dans la région autonome Zhuang du Guangxi. Les pays voisins sont également les portes d’entrée de ces clandestins. Certains usent de la parade du visa touristique pour s’installer de manière durable dans les mines.
Friction diplomatique
L’action à grande échelle menée par l’administration ghanéenne a entraîné une friction diplomatique avec la Chine. Cette dernière ne veut pourtant pas diminuer ses échanges commerciaux avec le Ghana, qui ne veut en aucune manière stigmatiser les ressortissants chinois. Accra veut assainir son secteur minier et interpeller ainsi tous les ressortissants étrangers et locaux impliqués dans les activités illicites. Au nom de la loi, bien évidemment.