Dans le monde de la mode depuis moins de trois ans, le Marocain Youssef Lahlou connaît une ascension fulgurante. Ses chapeaux extravagants ont séduit la Suédoise B. Åkerlund, styliste fétiche des chanteuses Beyoncé, Madonna ou encore Lady Gaga, réputées pour leur exubérance. Cet été, il présentait ses créations au côté de B. Åkerlund à l’occasion d’une exposition organisée à « The Residency », haut lieu de la mode à Los Angeles.
Youssef Lahlou a grandi à Casablanca dans une famille de commerçants. En effet son père tenait plusieurs boutiques d’habillement à travers le Maroc, et très tôt le styliste est fasciné par le processus de réalisation des vêtements : « j’ai grandi regardant ces artisans incroyables exerçant leur métier avec passion ». Ce n’est pourtant pas vers la mode que ses choix s’orientent dans un premier temps et, à la sortie du lycée, il se lance dans des études cinématographiques.
Du cinéma à la mode
En 2010, Youssef Lahlou rejoint la School of Visual Arts de New York. En 2013, il réalise « The Tablecloth », un court métrage sur un groupe d’amis partageants leurs secrets au cours d’un repas, dont certains profondément enfouis par peur d’affronter le jugement d’autrui. Au terme de ses études, il travaille dans la production de publicités, films et émissions de télévision. Mais il se découvre également une passion pour le design et la mode.
L’idée de dessiner des chapeaux lui vient d’un dîner où il a l’occasion d’observer une femme portant un large fédora, ce couvre-chef popularisé dans les westerns ou par Humphrey Bogart dans « Casablanca ». Youssef Lahlou commence alors à avoir des visions un peu folles et se demande pourquoi ne pas en créer d’autres un peu plus « fun » ? C’est ainsi qu’il réalise ses premiers croquis s’inspirant de l’imaginaire cinématographique.
Des chapeaux décalés en matériaux naturels
La première collection de Youssef Lahlou est composée de trois modèles plus étonnants les uns que les autres. Le « 24k boa » attire l’œil par une calotte autour de laquelle s’enroule un serpent à tête dorée. Le « Lava » rappelle, quant à lui, du métal en fusion ou une éruption volcanique. Enfin, « Cranium », arbore une impressionnante tête de mort, une référence évidente au « Jolly Roger » le pavillon des pirates.
Pour réaliser ses modèles, Youssef Lahlou refuse d’utiliser de la fourrure ou tout autre produit animal. Ainsi, il privilégie le cuir vegan. Les chapeaux sont ensuite habillés de métal sculpté goutte à goutte à la main pour le Lava, ou par des résines pour le 24k boa ou le Cranium. Enfin, certains modèles sont sertis de cristaux fournis par Swarovski. Chaque couvre-chef est unique et nécessite plusieurs semaines de réalisation.
Profiter du savoir-faire new-yorkais
Youssef Lahlou s’est installé à New York par amour de la ville et souhaite continuer à y confectionner ses modèles. « C’était important pour moi d’être présent au moment de la fabrication de mes chapeaux et d’y faire des ajustements si nécessaires ». Ses essais pour produire ailleurs se sont ainsi révélés désastreux. Rester dans à New York présente certains avantages : « nous avons ici un formidable artisanat dont je voulais tirer parti ».
Le jeune styliste assume complètement son statut même s’il sait que le chemin à venir n’est pas aisé. Il peut ainsi compter sur le soutien de sa famille au Maroc qui, bien que déconcertée par ses produits, croit totalement en sa vision. À l’avenir Youssef Lahlou envisage de réaliser des chaussures, des sacs et éventuellement des meubles. Ce citoyen de New York et de Casablanca pense également rechercher l’inspiration dans un héritage culturel qui façonne sa vision du monde.