Alors que de nombreux gouvernements expriment leurs mécontentements, TikTok risque de vite se retrouver acculé. Pour contrer cela, le réseau social venu de Chine prépare d’ores et déjà un espace refuge en Afrique.
Un contexte mondial défavorable
Il faut dire que la crise est réelle pour TikTok. Si avant lui aucun autre réseau social n’avait connu une croissance si exponentielle, il n’est pas à l’abri du danger. L’Inde, autrefois son marché le plus florissant, a finalement interdit l’application en juin dernier, dans un contexte de tensions frontalières avec l’empire du Milieu.
Puis, c’est le président Donald Trump qui a menacé de bannir l’application des États-Unis, dans le cadre de la guerre économique ouvertement déclarée entre les deux pays. À vrai dire, les USA adoptent depuis peu une stratégie traditionnellement utilisée par la Chine: bannir les produits technologiques de l’adversaire.
La Chine a depuis toujours empêché ses habitants d’utiliser Facebook, Twitter, Google, YouTube et bien d’autres. Désormais, les États-Unis renvoient la politesse avec TikTok et Huawei, et encourage ses alliés (comme l’Inde) à faire de même. Même le Pakistan, pourtant un allié historique de la Chine, a récemment mis en garde ByteDance (maison mère de TikTok) contre ce que le gouvernement décrit comme un «contenu immoral, obscène et vulgaire».
Cependant, loin du bruit médiatique qui l’accable en Asie et en Amérique, TikTok s’établit discrètement sur le continent africain.
TikTok: la première application chez les jeunes
Quel que soit le pays, TikTok est toujours principalement utilisé par la génération Z et les millenials. En conséquence, l’Afrique, plus jeune continent du monde avec un âge médian inférieur à 20 ans, est logiquement une cible de choix pour l’application chinoise. Débarqué depuis avril 2019, TikTok mène aujourd’hui la danse au sein des 3 marchés clés du continent africain: le Kenya, l’Afrique du Sud et le Nigéria.
Dès 2019, ByteDance organisait des ateliers de créations à travers Nairobi visant à convaincre les jeunes Kenyans de rejoindre leur plateforme vidéo. Et cette année, TikTok fait partie des nouvelles recrues du Nairobi Garage, la plus grosse structure d’innovation et de co-working du continent africain.
Au Nigeria, TikTok n’en finit plus de signer des contrats d’exclusivité avec des humoristes, des danseurs ou des musiciens, généralement «volés» à YouTube ou Instagram. Et pour ce qui est de l’Afrique du Sud, TikTok a dédié un compte visant uniquement à faire découvrir les nouveaux pas de danses à la mode, ou à promouvoir des clips avant-gardistes.
Alors que d’autres plateformes telles que Facebook ou Whatsapp se sont popularisées en proposant gratuitement leurs services en Afrique, TikTok tente une approche plus personnelle. À travers des «stars» donc, mais surtout en encourageant les utilisateurs à expérimenter, à creuser leur créativité et en leur fournissant une pléthore d’outils pour l’exprimer, l’application chinoise touche ses utilisateurs droit au cœur. Plutôt que d’effectuer une promotion de masse uniformisée, TikTok offre à chaque individu les moyens de devenir son propre «influenceur».
Pimentez le tout avec des défis, ajoutez un banc de montage basique pour mettre votre vidéo en musique et vous obtenez la recette parfaite pour faire de TikTok le réseau social le plus en vogue d’Afrique !
Une croissance qui ne devrait pas faiblir
Une stratégie payante qui fait de TikTok l’un des plus grands influenceurs de la pop-culture africaine, et participe grandement à la démocratisation de l’Afrobeats ou de Nolywood, entre autres exemples. Et surtout, qui ne risque pas de ralentir.
En effet, l’Afrique a entamé une réelle transformation digitale depuis la dernière décennie, et n’est plus un marché anodin pour la Tech. Sur ce continent d’1,2 milliards d’habitants, 453,2 millions d’entre eux utilisent Internet, soit 10 % de plus que l’année précédente. De ces utilisateurs, 217,5 millions font usage de réseaux sociaux, ce qui équivaut à 23 millions d’usagers supplémentaires depuis 2019 (+12 %). De plus, les experts estiment que d’environ 400 millions de propriétaires de smartphones en 2019, on devrait passer à 660 millions d’ici fin 2020.
Un contexte favorable pour accélérer encore un peu plus le développement de TikTok sur l’année à venir.
Photos : aboukam.net et Twitter