La start-up kenyane OkHi a créé une application pour pallier le manque d’adresse qui touche nombre de citoyens kenyans en leur attribuant une adresse GPS assortie d’une photo.
Le Kenya n’est pas le seul pays au monde à être touché par ce problème. Selon l’ONU, ils sont quatre milliards d’habitants sur la planète, en Afrique notamment, à ne pas avoir d’adresse physique. Une situation qui ne manque pas de poser des problèmes, à l’heure où l’adresse est de plus en plus exigée par les administrations ou les banques ou simplement utile pour les livraisons générées par le développement de l’e-commerce.
A Nairobi, à cause de l’explosion démographique, de nombreux Kenyans se sont trouvés logés dans des contre-allées ou des voies non référencées. Pour ces derniers, indiquer son domicile relève du challenge.
Une photo et des coordonnées GPS
Les fondateurs de la start-up OkHi, le Britannique Timbo Drayson et le Kenyan Wes Chege, ont trouvé la parade à ce casse-tête. En août 2014, ils lancent OkHi, une application pour les smartphones qui fournit deux informations nécessaires et suffisantes pour la création d’une adresse : la géolocalisation du domicile par ses coordonnées GPS et une photo de la porte d’entrée. Ces informations peuvent être ensuite transmises via email, WhatsApp ou par SMS grâce à une courte adresse URL.
L’entrepreneur Timbo Drayson, qui a travaillé pour Google et YouTube à Londres, reconnaît que ce concept n’est pas nouveau, la vraie innovation vient de la photo : « avec le GPS, on peut arriver dans les cent mètres autour de la maison. Mais ce n’est pas assez précis. On peut ensuite perdre encore une demi-heure à trouver la bonne porte. C’est sur les dix derniers mètres que la photo fait la différence” explique-t-il au magazine Jeune Afrique.
OkHi : 50 % de gain de temps
L’application OkHi est gratuite pour les usagers et payante pour les entreprises qui l’utilisent. La start-up mise notamment sur toutes les sociétés d’e-commerce qui ont besoin d’une adresse pour livrer. Avec leur application, c’est un gain de temps considérable pour les livraisons qu’ils évaluent à 50 %. Artcaffe, Hello Pizza, Jumia et d’autres chaînes de commerce en ligne ont déjà signé avec OkHi. La start-up a également su convaincre les taxis Uber d’utiliser ses services. Elle démarche également les compagnies d’ambulance et la compagnie de banque en ligne Wells Fargo.
« Pendant que nous réalisions une étude avec une compagnie d’ambulance, un chauffeur a mis tellement de temps à trouver son chemin qu’une fois au domicile de la personne, il était trop tard » se souvient Wes Chege. L’enjeu d’un tel service dépasse ainsi le seul aspect économique.
Un potentiel de développement sur le continent africain
La société compte aujourd’hui plus d’une dizaine de salariés et continue d’embaucher. En 2014, OkHi a été l’un des trois lauréats du concours Seedstars World, un concours réunissant les start-up de 36 pays à Genève. Ce prix a servi de booster la jeune pousse en lui permettant de lever, fin 2015, 750.000 dollars de financements notamment auprès du fonds californien de capital-investissement Garage Capital et de l’ex-directeur financier de Google Patrick Pichette.
OkHi a commencé par se développer dans la capitale kenyane. Elle revendique l’utilisation de son application pour 80 % des livraisons à Nairobi. Et aujourd’hui, fort de ce succès, les deux co-fondateurs ont pour premier objectif de connecter toutes les zones rurales du Kenya, avant d’étendre leur application à d’autres pays africains.
Un objectif ambitieux qui les poussera à se frotter à d’autres applications similaires qui ont également vu le jour sur le continent et de par le monde, comme LocName en Egypte, What3words ou encore Anwani, une application qui crée des adresses GPS sécurisées par code PIN unique.