Le développement de l’Afrique passera par ses territoires
Depuis le 4 décembre et jusqu’à demain se tient à Dakar la 6ème édition du sommet Africités. Cette année le thème de ces 4 jours est “Construire l’Afrique à partir de ses territoires”. Les problématiques sont très diverses : examiner l’impact des dynamiques de mondialisation, d’urbanisation, de démocratisation, de décentralisation sur la réorganisation du peuplement et du développement du continent. L’inscription de l’Afrique dans le monde d’aujourd’hui et demain sera également interrogée. Toutefois, il est important de souligner que les enjeux du développement et de la gouvernance du continent en vue de l’émergence d’une Afrique des peuples, par delà une Afrique des États, sera le sujet principal. Le développement de l’Afrique passera par ses territoires, du moins c’est ce qui est mis en avant.
Organisation du sommet
Dès les premiers jours le 4 et le 5 décembre, des sessions thématiques ont été mises en place autour des thèmes du sommet expliqués précédemment. Analyses et débats avec les participants étaient au programme. Des sessions spéciales ont également eu lieu hier, jeudi 6 décembre. Elles ont pu permettre aux institutions, aux agences ou aux réseaux qui le souhaitaient de se présenter pour travailler dans le futur avec des collectivités locales d’Afrique.
Aujourd’hui et demain, les journées sont réservées aux rencontres politiques.
Toute au long de la semaine était présent le Salon Africités, Salon International d’Affaires des Collectivités Locales qui accueille entre 400 et 500 exposants. Entreprises, Institutions, Organisations de la société civile et de solidarité internationale sont présents et exposent “outils, méthodes et expériences”.
Des freins au développement de l’Afrique : l’Occident au coeur du débat
Thabo Mbeki a profité de cette 6ème édition de l’Africité pour s’insurger contre l’interventionnisme des occidentaux dans les conflits en Afrique. “Pourquoi l’Afrique peine-t-elle à se développer alors qu’elle renferme des ressources naturelles rares et prisées” s’exclame l’ex-président Sud-Africain. Il n’hésite pas à qualifier les occidentaux d’ex-colonisateurs, et à pointer du doigt leur implication dans certains conflits et crises comme en Côte d’Ivoire et en Libye.
Un discours plein de rancœurs, mais un peu trop extrême. Ne se tromperait-il pas d’ennemi ?
Les travaux du professeur Paul Collier ont largement démontré que les conflits ralentissent le développement économique. Lydie Boka, la manager du site StrategiCo.fr s’appuie sur deux exemples “ la Côte d’Ivoire, pendant sa crise post-électorale de 2011, a connu une croissance négative de -5%, tandis que cette année (2012), elle atteindra au moins 8%. Les mutineries de 2011 au Burkina ont couté au moins 1% de croissance à ce pays en quatre mois seulement”. Mais est-ce la faute de l’Occident si de nombreux conflits sont présents en Afrique ? Selon Jean-Louis Tshimbalanga, président de l’association Convergence pour l’émergence du Congo, ce serait le cas pour certains conflits comme celui au Nord Kivu, en République Démocratique du Congo. Certains problèmes dureront tant que l’occident sera le « banquier de l’Afrique » et aura une influence politique, économique et donc militaire.
La fin de la Françafrique : traiter l’Afrique d’égal à égal
Le 12 octobre dernier, Le président de la république Français, François Hollande, a déclaré la fin de la Françafrique. Le nouveau président souhaite que l’Afrique et la France soit traitées sur un pied d’égalité, en préconisant un rapport de coopération d’égal à égal.
Ce qui est certain c’est que l’Afrique ne peut pas se passer totalement de l’Occident pour se développer notamment en matière de technologie et d’éducation. Mais Lydi Boka souligne “qu’il faut diversifier les partenariats, se vendre au plus offrant et non exclusivement aux ex-colonies. Mais également, diversifier son économie qui dépend trop souvent des mêmes matières premières, et apprendre à transformer ces matières premières et ne plus les vendre au brut, car l’Europe impose des normes très élevées ». L’occident ne serait donc pas tout à fait incontournable. Le politologue et sociologue Michel Galy prend l’exemple des pays africains anglophone qui ont pris leur indépendance économique et politique, dépassant ainsi leurs anciennes colonies. Notamment le Kenya qui a résolu la question post-coloniale sans l’aide de la Grande-Bretagne.
La question du développement de l’Afrique est une problématique épineuse et sujette à controverse. Des événements tels qu’Africité sont de bon présages quant à l’avenir du développement Africain grâce au savoir-faire local, mais également international.