Tout a commencé dans la rue. Chute du président Blaise Compaoré, coup d’Etat militaire, élections de novembre 2015… C’est dans un climat complexe que l’on peut mieux comprendre et analyser le rôle que jouent la société civile et ses porte-paroles. Harouna Kaboré fait partie de ces activistes ou représentants de la société civile. Il est aujourd’hui, entre autres, à la tête d’un think tank ou laboratoire d’idées, le Burkina International.
Lorsque la société civile s’engage contre des hommes politiques, contre des décisions politiques, quelques personnalités sortent du lot. Ces hommes et ces femmes prennent la parole en public, lancent des mouvements, écrivent des tribunes engagées, créent des associations et des organisations. Au Burkina Faso, en octobre 2014, ces personnalités étaient nombreuses à manifester contre la décision de Blaise Compaoré de réviser la constitution, dans le but de briguer un nouveau mandat après 27 ans au pouvoir. C’était le cas de l’ancienne députée Saran Sérémé, mais également d’activistes et de leaders de la société civile, comme Harouna Kaboré.
Qu’est-ce que la société civile ?
Ce terme ne signifie pas uniquement la communauté de citoyens. Au Burkina Faso, on définit la société civile par le regroupement des syndicats, chefs traditionnels, communautés religieuses, associations, mouvements de défense des droits de l’homme, ONG et autres groupements. Le pays en compte des centaines. Cette entité représente le contre-pouvoir, puisque ces associations sont autonomes de l’Etat. Et c’est dans leur rôle de contre-pouvoir qu’elles ont lutté contre le projet de révision constitutionnelle.
Harouna Kaboré : représenter des centaines d’OSC
Toutes les organisations de la société civile ne sont pas aussi célèbres que le Balai citoyen. Ce mouvement, fondé au départ par des artistes durant l’été 2013, a joué un rôle central dans les insurrections d’octobre 2014. Il n’est pas le seul. En effet, à la suite de cette insurrection, de nombreuses organisations de la société civile ou OSC ont vu le jour au Burkina Faso. Et Harouna Kaboré est le porte-parole de la Coordination des organisations de la société civile et signataire de la charte de transition de novembre 2014. Il a à ce titre participé en première ligne à l’organisation des débats et à l’échange entre toutes ces associations et mouvements citoyens.
Et après ?
Harouna Kaboré est resté très actif et très attentif à la suite des événements : coup d’Etat militaire en septembre 2015, mise en place d’un président de transition et élections présidentielles en novembre 2015. Le porte-parole de la Coordination des OSC s’est ainsi prononcé de nombreuses fois dans la presse pour évoquer le calendrier électoral ou pour appeler à la sécurisation du pays après le putsch. En tant que représentant des organisations de la société civile, il a d’ailleurs participé aux négociations post-coup d’Etat avec de nombreux médiateurs venus du continent africain et de plus loin, comme Macky Sall ou les ambassadeurs de France et des Etats-Unis.
Un think tank made in Faso
En plus de ses activités auprès de la Coordination des organisations de la société civile, Harouna Kaboré est également le président du Burkina international (BI). Cette institution à but non lucratif a été fondée en août 2015 et veut participer à la bonne gouvernance et au développement du Burkina Faso. C’est dans ce cadre et dans le contexte de la campagne électorale, que le BI a lancé une campagne en novembre 2015 : “le Faso d’abord”. Harouna Kaboré est à la base de cette idée. Le principe est simple : raviver le patriotisme et les valeurs de la République avec l’aide d’artistes engagés.
Grande enquête
Mais son action ne s’arrête pas à la campagne électorale. Ce laboratoire d’idées ou think tank s’est donné pour mission de mener des études et faire des propositions dans le domaine des politiques publiques, mais également sur des questions économiques ou technologiques. Sa méthode : des recherches, séminaires, auditions d’experts, réunions de groupes. Ainsi, à la suite de la prise de fonction de Roch Marc Christian Kaboré en décembre 2015, le BI a continué son action et son travail.
Après avoir salué l’arrivée de ce nouveau président et souhaité que ce dernier “réussisse sa mission pour le bonheur du peuple insurgé et de tous les Burkinabè”, Harouna Kaboré a lancé une grande enquête sur la situation nationale. Les conclusions ont été rendues publiques en février dernier. Elles ne sont pas optimistes et mettent en lumière notamment que la situation du pays n’est toujours pas entièrement stabilisée. Mais le travail d’Harouna Kaboré, entouré des différentes organisations de la société civile ainsi que des experts de son laboratoire d’idées, est la preuve que la démocratie n’a pas cessé d’être en marche au Burkina Faso.