La nomination d’Oulimata Sarr au poste ministère de l’Economie du Sénégal est un événement qui dépasse les frontières de son pays. C’en est un pour le Sénégal où elle est la première femme à accéder à cette fonction stratégique. Et c’est une victoire pour cette financière de 51 ans, qui s’est toujours engagée au cours de sa carrière pour la cause des femmes.
« Il faut laisser émerger le leadership féminin dans le monde politique », déclarait-elle dans une interview accordée à Afrique Femme lors de sa visite en Côte d’Ivoire en mai dernier. Oulimata Sarr a été nommée par le président Macky Sall dans ce nouveau gouvernement mené par Amadou Ba.
Jusqu’à sa nomination, Oulimata Sarr était directrice régionale Afrique de l’Ouest et Centrale de l’ONU Femmes, qui couvre 24 pays. Elle y jouait déjà un rôle de leader, au service des femmes. Pourtant son parcours ne la prédisposait pas forcément à des fonctions gouvernementales. « Mon parcours n’a pas été une ligne droite », reconnaît-elle.
Des hautes études au Canada et en Grande Bretagne
Oulimata Sarr naît et grandit au Sénégal, avant de s’envoler pour le Canada où elle étudie à HEC Montréal. En 1992, son diplôme en poche, elle va compléter sa formation par une maîtrise en administration des affaires à l’Université du Bedfordshire en Grande Bretagne.
Elle rentre au Sénégal et y commence sa carrière chez Ernst & Young. La jeune diplômée y découvre les défis liés au genre dans ce milieu professionnel. « Je suis chef de mission, j ‘ai 25 ans et j’arrive dans une salle et tout le monde est convaincu que je ne peux pas être la cheffe. Les personnes s’adressent à mes collaborateurs qui, très gênés, me regardent », raconte-t-elle sur BBC.
En 1996, elle saisit une opportunité chez la compagnie aérienne Interair basée à Johannesburg (Afrique du Sud) où elle occupe le poste de directrice administrative et financière pendant neuf ans. Elle passe ensuite dix ans à la Société financière internationale, une filière de la Banque mondiale consacrée au secteur privé, toujours dans la capitale sud-africaine.
Elle y gravira les échelons, tout en s’intéressant toujours davantage à l’autonomisation des femmes. Elle travaille également au bureau de Bujumbura, au Burundi, puis à Nairobi, au Kenya. C’est là que, quelques mois après son arrivée, Oulimata Sarr reçoit un mail du DRH de l’ONU Femmes l’encourageant à postuler au poste régional vacant de l’institution. Sa candidature est retenue. Cette nouvelle aventure l’amènera à voyager dans les 24 pays d’Afrique francophone qu’elle représente.
Un sens de l’engagement né de son enfance
Ses premières missions chez ONU Femmes sont plus d’ordre économique et financier qu’autre chose. « Mon fil conducteur a toujours été la finance », confie la toute nouvelle ministre, riche d’une carrière de près de trente ans. Son poste à l’ONU Femmes a également permis à Oulimata Sarr de développer un large réseau.
Au-delà de cette expérience, Oulimata Sarr s’est construite grâce au modèle familial dans lequel elle a grandi. En effet, chez les Sarr, l’ambition et l’engagement sont de mise. Elle est en effet issue d’une fratrie de trois enfants, qui sont tous engagés pour une cause. « J’aimerais que l’on se souvienne de moi comme d’une dame qui a toujours aidé et servi les autres, c’est ma raison de vivre », dit Oulimata Sarr, également mère de deux enfants.
Si elle a réussi à trouver l’équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie familiale, c’est selon elle grâce à un bon « support system » : un partenaire de vie « qui croit en elle », et une gouvernante qui l’a suivie partout pour prendre soin de son foyer lorsqu’elle voyage.Ce parcours a su gagner la confiance d’Amadou Hott : « Je suis sûr qu’elle relèvera avec brio ce défi, du fait de son expertise, son expérience et de ses qualités personnelles » a-t-il déclaré lors de sa prise de fonction.
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