Sauver des vies grâce à une tablette, détecter un virus avec des infrarouges, utiliser une application mobile pour s’informer et trouver un pharmacien autour de chez soi : les possibilités offertes par la technologie au service de la santé sont immenses. Au Cameroun, l’e-santé est en plein développement et de nombreux acteurs sont prêts à se lancer dans ce nouveau business.
e + santé = e-santé
L’e-santé se définit par la mise en place de nouveaux outils pour faciliter le travail des médecins et des pharmaciens. Ces nouveaux outils sont pour la plupart connectés et permettent une meilleure communication entre les différents acteurs du secteur. Dans le monde entier, l’e-santé est en plein développement. Ainsi des start-ups françaises travaillent notamment sur un algorithme de diagnostics prédictifs, sur une plateforme de partages de dossiers entre praticiens et patients ou encore sur de nouveaux outils tels que des thermomètres sans contact. L’objectif est de faciliter le travail des professionnels mais surtout de rapprocher patients et spécialistes dans un souci d’accessibilité.
Sur le continent africain, de nombreuses applications mobiles ont été lancées, comme le SenGeoSanté au Sénégal, qui permet de localiser autour de soi toutes les structures sanitaires, avec ou sans connexion. Et en Ouganda, pays extrêmement touché par le paludisme, une jeune équipe de chercheurs a mis au point le Matibabu, qui permet de détecter le virus grâce aux infrarouges. Au Cameroun, de nombreux acteurs s’engagent dans ce secteur et différents projets ont déjà vu le jour.
Technologie oblige
C’est évidemment grâce au développement de l’économie numérique et des technologies de l’information et de la communication (TIC) que des pays comme le Cameroun peuvent imaginer de nouveaux outils au service de la santé. C’est dans ce contexte que, lors de la cérémonie du 31 décembre 2015, le président a appelé de ses vœux le développement technologique du pays. Selon le cabinet de conseil Ernst & Young, les TIC arriveraient dans le TOP 10 des secteurs les plus attractifs dans les deux prochaines années au Cameroun.
De nombreux emplois ont été créés grâce aux TIC, 6000 emplois directs et 500 000 emplois indirects au cours des quinze dernières années, selon le ministère des Postes et télécommunications. Avec peu de médecins installés, le pays compte en moyenne 1 médecin pour 10 000 habitants, et un service de téléphonie mobile très développé, il est aisé d’imaginer les possibilités offertes par le-santé au Cameroun. En effet, le développement du service mobile a permis au jeune ingénieur, Arthur Zang, inventeur du désormais célèbre CardioPad, de développer sa tablette intelligente capable de faire un diagnostic cardiaque. Mais ce n’est pas le seul à allier technologie et défis sanitaires.
MTN Health
En septembre 2015, le ministère de la Santé publique et MTN, numéro 1 dans le secteur des télécommunications dans le pays, ont signé un accord de partenariat. Le résultat : MTN Health, une plateforme d’assistance médicale. Grâce à ce nouvel outil, les Camerounais peuvent joindre directement des professionnels de la santé, leur poser des questions, et ainsi bénéficier d’une consultation ou de conseils pratiques. L’accord, accepté également par l’Ordre national des médecins du Cameroun, prévoit ainsi des échanges électroniques, de manière sécurisée, dans le respect de la protection de la vie privée.
L’objectif est donc, grâce à la technologie, d’améliorer l’accès aux services de santé. Le leader de la téléphonie mobile et des télécommunications, avec sa fondation MTN, était déjà engagé dans la question de la santé publique. C’est donc une nouvelle étape dans la politique de l’entreprise. Sa directrice, Philisiwe Sibiya, a expliqué, lors de l’annonce de ce partenariat, que « les technologies de l’information et de la communication offrent des possibilités immenses » pour différents secteurs, comme le commerce, la santé, la finance ou encore l’éducation.
Sage-femme zone
La technologie peut ainsi connecter les patients et les professionnels de la santé, avec des plateformes comme MTN Health, mais elle offre aussi des outils pour connecter les professionnels entre eux, comme le fait le CardioPad, et pour aller encore plus loin la technologie est capable de former de futurs médecins.
Ainsi, lorsque les TIC sont au service de la santé et de l’éducation, ce sont d’autres types d’outils et de plateformes qui sont développés. C’est dans ce cadre qu’a été lancé par le ministre de la santé publique, le portail « Sage-femme zone », destiné aux écoles de sages-femmes. Cette plateforme d’e-learning est le résultat de la collaboration entre le ministère de la Santé publique du Cameroun, les Nations unies et l’organisation allemande GIZ. L’engagement de l’Etat est important et ne date pas d’aujourd’hui. Le Cameroun avait en effet remporté en 2013 le prix de l’e-health décerné par la Banque africaine de développement, dans la catégorie « accès à l’information sanitaire ». Un prix qui en appelle d’autres.