Le 29 septembre dernier, Delfingen inaugurait son troisième site marocain. L’équipementier automobile français, spécialisé dans la fabrication de gaines en plastique de protection électrique et thermique de câbles, a fait du Maroc un pays prioritaire dans son développement international. De nombreux équipementiers comme Delfingen se sont implantés dans le royaume dans le sillage, notamment, des constructeurs Renault et PSA, mais aussi pour livrer les usines européennes des grands noms mondiaux de l’automobile.
En 2015, l’industrie automobile marocaine a connu une croissance spectaculaire de 23 % générant un chiffre d’affaire de 4,5 milliards d’euros. Le secteur emploie 90.000 employés répartis dans 170 sites de production, localisés principalement autour de Tanger et Kenitra et dans une moindre mesure dans les environs de Fès et Casablanca. Toutefois, le secteur pèse encore marginalement sur PIB du Maroc mais a vocation à devenir une activité majeure dans le pays.
Sumitomo premier employeur privé du Maroc
Delfingen fournit principalement les constructeurs automobiles et les fournisseurs de rang 1 spécialisés dans le câblage. Cette activité, très gourmande en main-d’œuvre, est donc attirée par les pays où le coût de celle-ci est bas. Ainsi, la filière s’est progressivement déplacée de l’Europe vers les rives de la Méditerranée. L’activité câblage emploie à elle seule 50.000 personnes au Maroc et profite du port de Tanger pour exporter et générer 1,54 milliard d’euros de recette.
Dans les clients de Delfingen, on trouve plusieurs industriels déjà bien implantés sur le sol marocain ; Delphi, Lear, Yazaki ou Sumitomo, le plus important. L’équipementier japonais compte à lui seul 8 usines et 20.000 salariés ce qui en fait le premier employeur privé du Maroc. Sumitomo, qui représente 25 % du marché mondial du câblage est présent dans le royaume depuis 2001 et l’ouverture de leur première usine à Casablanca.
PSA dans les pas de Renault
Autre employeur majeur, Renault a ouvert un site d’assemblage à Tanger en 2011. L’usine, qui compte plus de 7000 salariés, produit déjà trois modèles de Dacia et montera la Logan MCV, en lieu et place des usines roumaines dès l’année prochaine. 276.000 véhicules devraient sortir des lignes de montages de l’usine de Tanger d’ici fin 2016, alors que 300.000 unités pourraient être produites en 2017 avec l’introduction du quatrième modèle.
PSA avance également ses pions sur le sol marocain ; le constructeur a lancé en juillet dernier la construction du site d’assemblage de Kenitra. Opérationnelle en 2019, l’usine dont l’investissement représente 557 millions d’euros devrait atteindre une capacité de 200.000 véhicules par an. Une usine automobile et son fonctionnement en flux tendu qui obligent ses fournisseurs à investir dans la région comme le plasturgiste Mecaplast qui lancera, en 2017, une unité de production à proximité du futur site de PSA.
Développer un écosystème économique autour des constructeurs
Le développement de l’industrie automobile au Maroc s’appuie sur une politique volontariste de la part du gouvernement de Rabat. Avec le plan Émergence II, lancé en 2009, le Maroc a misé sur des investissements étrangers massifs, notamment dans les zones franches d’exportation. Mises en place en 1995, elles prévoient la levée de toutes les contraintes douanières, import comme export, pour les entreprises implantées et s’adaptent à une industrie automobile nécessitant beaucoup de flexibilité.
Le secteur automobile marocain manque de fournisseurs de rang 2 dans des métiers clefs : acier, moules à injection plastique ou cataphorèse. Les équipementiers importent encore majoritairement leurs pièces et leurs matières premières. Pour résoudre ce problème, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie du Maroc, a signé des conventions avec les constructeurs. Ainsi, Renault devrait approvisionner 65 % de ses pièces, soit 1,8 milliard d’euros, depuis le Maroc pour son site de Tanger.
Doubler le poids de la filière automobile
La création d’écosystèmes automobiles autour des sites d’assemblage, devrait permettre au Maroc de passer la vitesse supérieure. La présence de Renault est susceptible de créer 50.000 emplois. L’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (AMICA) a pour objectif de multiplier les effectifs du secteur par deux d’ici 2020 et de générer 10 milliards de dollars d’exportation et faire de son industrie un acteur de poids.
L’industrie automobile marocaine aborde l’Automotive Meeting de Tanger (23-25 novembre), plein d’optimisme au regard des perspectives de croissance à deux chiffres pour la période 2020-2022. Le Maroc bénéficie de la proximité géographique avec l’Europe. Sa montée en puissance remet en question les stratégies d’approvisionnement des constructeurs. Le royaume est dorénavant une alternative crédible aux achats européens et un champion africain de l’industrie automobile.