Madagascar ou l’art de la crise sempiternelle

Auteur 13 mai 2013 0
Madagascar ou l’art de la crise sempiternelle

La chute du régime Ravalomanana en Mars 2009 a déclenché une crise politique sans précédent, que le pays n’a jamais connue dans son histoire. Un mouvement populaire mené par l’ancien maire de la Capitale, Andry Rajoelina, finit par ébranler de son piédestal le régime démocratiquement élu de Marc Ravalomanana.

La victoire de la « Révolution Orange »

Avec l’appui d’une frange de militaires, Andry Rajoelina, initiateur de la « Révolution Orange », a pris le pouvoir en mars 2009 de la main d’un éphémère directoire militaire auquel l’ancien président a remis les rênes. La « Révolution Orange » prônait un changement, un renouveau démocratique, la fin de la dictature. En effet, Marc Ravalomanana est connu pour son monopole et sa réticence pour la démocratie. Ainsi après sept années de règne presque sans partage, le peuple, assoiffé de liberté, a adhéré à la « Révolution orange », ce qui a entraîné la perte du régime Ravalomanana.

De la victoire vers la crise

Si les partisans d’Andry Rajoelina ont espéré un nouveau vent de changement qui aurait du souffler dans le pays depuis mars 2009, l’avènement de la Haute Autorité de la Transition (HAT) dirigé par Rajoelina a déclenché la crise politique la plus longue de l’histoire de Madagascar. Cette crise perdure depuis quatre ans: Bataille judiciaire, affront idéologique, menaces terroristes, luttes d’influences des puissances étrangères, la crise malgache a enclenché les pratiques courantes de la guerre froide.

Un régime transitoire fortement contesté

Un front est né le lendemain même du coup de force du 17 mars 2009, le jour où tout a basculé. Alors que les partisans d’Andry Rajoelina se réjouissent de leur victoire face à la dictature, les partisans de Marc Ravalomanana s’unissent et manifestent sur la Place de la démocratie à Ambohijatovo, berceau de la « Révolution orange ». Ils ont crié haut et fort leur fidélité et leur soutien indéfectible à l’ancien président qui a pris la poudre d’escampette vers l’Afrique du Sud pour un exil forcé avec les membres de sa famille. Ils contestent le « coup d’Etat perpétré par Andry Rajoelina ». Le régime transitoire formé par les frustrés du régime Ravalomanana, n’est pas assis sur une chaise confortable mais ne tarde pas à adopter une stratégie pour faire face aux partisans de Marc Ravalomanana, déterminés jusqu’au bout à déstabiliser le nouveau régime.

Le rapport de force est engagé et il est dans la nécessité absolue que des médiateurs entrent en jeu afin d’essayer de trouver un terrain d’entente entre les deux parties protagonistes, notamment le clan de Andry Rajoelina et la famille politique de Marc Ravalomanana.

Des accords menant à des désaccords…

Le premier accord politique est né en Août 2009 à Maputo, capitale Mozambicaine. La médiation a été confiée au groupe international de contact pour Madagascar, composé de grandes puissances mondiales et des représentants de plusieurs organisations sous-régionales. Les tractations ont abouti à la signature du fameux « Accord de Maputo ». Parti pour résoudre la crise à Madagascar après quelques mois de zones d’ombre, l’ « Accord de Maputo » a été essuyé d’un revers de la main par certaines têtes pensantes du régime Transitoire et finit aux oubliettes.

La médiation internationale a échoué une première fois. Et elle tente de nouveau le coup en convoquant autour d’une table une seconde fois, deux semaines après le premier round, toujours dans la capitale Mozambicaine, les protagonistes de la crise malgache. Un autre accord, « Maputo II » a été signé suite à de vives négociations. Mais pour une deuxième fois : fiasco. La partie malgache a choisi de ne pas adopter le schéma de crise de « Maputo II ». Encore un faux bond et la communauté internationale a pris une retraite significative dans la gestion de la crise malgache.

La feuille de route : un semblant d’entente ?

Après l’échec des deux premières tentatives, les acteurs politiques malgaches- du moins en grande partie- se sont mis d’accord et ont signé la feuille de route pour la sortie de crise au mois de septembre 2009, toujours sous la houlette de la SADC. Aussitôt signée, la feuille de route devient une source de discorde pour les parties prenantes. Chacun interprète en sa faveur chaque article de la feuille de route. L’inapplication effective de la feuille de route est, par ailleurs, contestée, notamment en ce qui concerne le retour au pays sans conditions de Marc Ravalomanana. Il semblerait que cet accord politique ne puisse remplir sa mission : sortir Madagascar de la crise.

Les élections comme solution

Après avoir vécu de maints échecs, le peuple malgache ainsi que les dirigeants sont persuadés que la seule solution reste les élections. Ainsi, tous les efforts sont réunis pour organiser les élections, la première est prévue pour le 24 juillet prochain. Même si certains évoquent un climat politique inopportun pour réaliser des élections saines et démocratiques, l’opinion majoritaire met tout son espoir en la tenue de ces élections le plus rapidement possible.

Revirement par le FFKM

A trois mois de la date prévue pour la tenue de l’élection présidentielle, le Conseil chrétien des Eglises ont organisé une réunion en vue de préparer une rencontre au sommet entre les acteurs politiques malgaches afin de les réconcilier pour instaurer un climat politique sain avant les élections. Cette initiative du FFKM produit des polémiques. On redoute le report des élections, la prolongation du régime transitoire et naturellement de la crise.

Madagascar a traversé depuis 2009 le régime transitoire le plus long de son histoire depuis ses 53 ans d’indépendance. Et à ce jour, l’avenir du pays reste incertain.

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