Fondée par quatre jeunes originaires d’Afrique de l’Ouest, PayDunya ambitionne de devenir le PayPal africain. Un rêve qui se base sur de véritables brèches offertes par un marché encore déserté par les géants internationaux.

Bientôt un PayPal africain ? C’est en tout cas l’ambition affichée par les quatre fondateurs de la fintech PayDunya, créée en 2015 par Aziz Yerima (Bénin), Christian Palouki (Togo), Honoré Hounwanou (Côte d’Ivoire) et Youma Fall (Sénégal). En 2019, en moins de cinq ans d’existence, la jeune start-up parvient à atteindre un chiffre d’affaires de 2,5 millions d’euros, ce qui lui laisse entrevoir l’avenir avec beaucoup d’optimisme.

Le projet doit son origine à une contrainte vécue par l’un des fondateurs, Aziz Yerima. En 2013, alors qu’il aide une association estudiantine de femmes à créer son site web, il se heurte au paiement de l’hébergement en l’absence de carte bancaire. Il décide d’opter pour PayPal mais, personne dans l’association ne possédant de compte dans une banque occidentale, il est impossible d’y accéder. « PayPal a peut-être été créé par un Africain (Elon Musk est né en Afrique du Sud), il n’est pas destiné au marché africain », regrette Aziz Yerima.

les Africains sont prêts pour le paiement en ligne

C’est ainsi que naît PayDunya, dont le nom fait référence à « payer » (Pay, en anglais) et à « monde » (Dunya, en arabe). Doté de compétences en technologie, il s’associe avec des amis étudiants pour lancer cette révolution, convaincu que les Africains sont assez « digitalisés » pour disposer d’outils de paiements en ligne. Seulement, ancrer cette nouvelle possibilité de paiement dans les esprits demeure un long chemin sinueux : en 2019, près d’un Ivoirien et d’un Sénégalais sur deux refuse encore le paiement digital. 

Une réticence liée à un facteur culturel (habitude de la monnaie ou de la carte bancaire) mais surtout sécuritaire, l’Afrique étant vulnérable en matière de cybercriminalité (85 % des banques appartenant à l’Union économique et monétaire ouest-africaine et à l’Afrique centrale auraient été victimes d’escroqueries en ligne). C’est pour cette raison que PayDunya développe un programme de sécurité avec PayDunyaSecure, qui attend la validation pour être considéré dans la norme la plus élevée en matière de sécurisation des transactions. Pour l’ensemble de ses solutions, les fondateurs de PayDunya veillent à ce qu’elles soient originaires d’Afrique afin d’inclure tout un écosystème dans son projet d’expansion sur l’ensemble du continent.

PayDunya : un réseau en pleine croissance

Car l’Afrique, c’est justement le grand rêve des fondateurs de PayDunya, qui sont implantés pour l’heure dans trois pays francophones d’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin) et espèrent pénétrer le marché d’une dizaine de pays dans les prochains mois. Ils disposent pour cela d’un réseau en pleine croissance avec 54 collaborateurs répartis dans différents pays. Plus de 50.000 transactions sont effectuées par jour alors que la jeune entreprise compte plus de 600 entreprises clientes actives. 

Les perspectives économiques d’un continent en pleine mutation font saliver les fondateurs de PayDunya : le taux de pénétration du e-commerce en Afrique est estimé de 2 à 3 % (15 à 18 % en Asie). Des chiffres intéressants alors que le continent africain est pour l’heure dépourvu d’un géant international comme PayPal. Les quatre fondateurs l’ont bien compris et travaillent d’arrache-pied afin d’incarner la solution à l’échelle continentale dans les années à venir.

Sources des photos : businessechos.net et Socialnetlink.org et afrikatech.com